Commerces incendiés, maisons saccagées: en Irlande du Nord des violences racistes ciblent les étrangers

Troisième nuit de tensions à Ballymena, une ville nord-irlandaise près de Belfast, en proie à des manifestations racistes ciblant des immigrés. C'est l'inculpation lundi de deux adolescents de 14 ans pour tentative de viol qui a mis le feu aux poudres. Pourtant, les autorités locales n'ont jamais précisé l'origine des deux suspects.
C'est en fait la presse britannique qui affirme que les deux adolescents auraient été auditionnés par l’intermédiaire d’un interprète roumain, ce qui a déclenché ces violences qualifiées de racistes par la police et le gouvernement local.
Des scènes d’émeutes qui ont émaillé pour la troisième nuit d’affilée le calme habituel de cette petite ville située à 40 km au nord de Belfast, la capitale. Elles ont éclaté lundi au terme d’une manifestation de soutien à la jeune victime présumée.
Commerces et maisons incendiés
Mercredi soir, la police anti émeute a encore une fois été la cible, notamment, de cocktails molotov mais les violences n’ont toutefois pas atteint le niveau des deux nuits précédentes lors desquelles 32 policiers ont été blessés et des commerces et maisons, incendiées ou saccagées, ciblées parce que supposément habitées par des personnes d’origine étrangères.
Ces violences se sont également propagées à d'autres localités mercredi. Un centre de loisirs a notamment été incendié à Larne, localité située à une trentaine de kilomètres à l'est de Ballymena. Ce centre avait temporairement été mis en place pour les victimes de ces incendies: "Le centre de loisirs de Larne a été attaqué par des voyous masqués (...) Larne n'a pas besoin de cela", a réagi sur X un député local, Danny Donnelly.
"Ballymena en a assez des étrangers"
Ces émeutes ont notamment visé des zones où vivent des immigrés roumains à Ballymena.
"Ce sont les Roumains qui sont plus spécifiquement ciblés", estime ainsi Nicola Guy, une habitante de Ballymena âgée de 42 ans, résidant non loin d'une maison incendiée qui était habitée par une famille de Roms.
"Nous envoyons le message que Ballymena en a assez des étrangers", a déclaré mercredi soir à l'AFP Allison McCurdy, 52 ans, une habitante.
L'immigration ciblée à la chambre des Communes
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a fermement condamné ces violences devant le Parlement ce mercredi.
Les représentants du gouvernement nord-irlandais, composé de quatre partis politiques et dirigé par l'élue républicaine du Sinn Fein Michelle O'Neill, ont condamné mercredi ces "violences à caractère raciste" et lancé "un appel urgent au calme".
"Ceux qui instrumentalisent la situation pour attiser les tensions raciales se moquent de la justice et n'ont rien à offrir à leurs communautés, si ce n'est de la division et du désordre", ont renchéri les membres de l'exécutif dans leur communiqué commun.
Mais le député du parti Traditional Unionist Voice Jim Allister a toutefois souligné à la chambre des Communes à Londres que s'il n'y a "aucune excuse" pour de tels actes, "le gouvernement doit prendre conscience des tensions sous-jacentes engendrées par une immigration incontrôlée et souvent clandestine".