EXCLU RMC. Les actes islamophobes et de racisme "anti-arabes" en forte hausse

Les signalements d'actes islamophobes et de racisme "anti-arabes" sont en hausse de 29% entre janvier-mai 2025 par rapport à la même période en 2024. Ces chiffres, de SOS Racisme, sont en "augmentation nette", dit l'association.
Alors que le contexte est brûlant, quelques semaines après le meurtre d’Aboubakar Cissé, frappé de 57 coups de couteau le 25 avril dans la salle de prière de la mosquée Khadidja, à La Grand-Combe (Gard). Les Français musulmans et les Français d'origine maghrébine subissent donc une flambée de haine inédite.
Insultes, agressions dans la rue, arrachages de voile... Le téléphone de la permanence juridique de SOS Racisme n'arrête pas de sonner: plus de 163 appels reçus depuis le début de l'année, contre près de 90 au premier trimestre 2024. Les actes anti-arabes et islamophobes explosent.
"Ils ne sont plus des cas isolés, ils sont monnaie courante", pointe l'association, pour qui il y a une banalisation de cette violence. Voire une normalisation, notamment depuis le meurtre d'Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard - date à laquelle les signalements pour messages haineux sur internet, par exemple, ont explosé. Et pourtant: "nos chiffres ne sont pas exhaustifs" regrette SOS Racisme. Beaucoup de victimes ne font pas de signalements et très peu vont jusqu'à déposer plainte.
"Sale bougnoule", "rentre dans ton pays"...
Si les victimes sont de plus en plus nombreuses, les témoignages se font rares. RMC est allé à la rencontre de Bilel, une victime d’un acte raciste, sur les lieux de son agression. “C’est compliqué de revenir ici”, dit-il.
Deux mois auparavant, un samedi, le chauffeur VTC a été agressé dans une simple ruelle, encerclée de briques rouges. “Ils étaient une dizaine, éméchés. Dès qu'ils ont vu que j'étais maghrébin, ils m’ont insulté de bougnoule, de sale arabe… Ils m’ont dit de retourner dans mon pays. Ils ont dit des choses sur l’islam également, m’ont lancé des verres d’alcool…”, témoigne Bilel.
La victime poursuit: “Il y en a un qui rentre dans la voiture et qui commence à me frapper. Et en fait, ils me sortent du véhicule, je m'effondre au sol, je m'évanouis, je me relève, mais ils ont eu le temps de me rouer de coups. J'ai l'épaule endommagée, je dois faire des séances de kiné, je dois aller voir un ORL, j'ai le nez qui est cassé. À 10 personnes, on peut tuer quelqu'un. Je me suis relevé, j'avais du sang partout, c'était une boucherie, littéralement”.
Depuis, Bilel a une santé mentale "en lambeaux", mais il souhaite que justice soit rendue. Et pour l'accompagner, l'association SOS Racisme lui a promis de se constituer partie civile à son procès. Des appels à l'aide comme celui-ci, Zélie et Clémentine, du service juridique de l'association, tentent de tous les traiter. “Mais il y a peu de prise de responsabilité”, notamment de la part des politiques disent-elles. Elles qui appellent désormais à un sursaut des pouvoirs publics.
Sous-estimation
Lors de la clôture de la deuxième session du Forum de l’Islam de France, mardi 18 février à Paris, Bruno Retailleau a annoncé 173 faits antimusulmans recensés en 2024, contre 242 l’année précédente, soit une baisse de 29%. Les associations de défense des droits et de lutte contre les discriminations estiment, de leur côté, que les faits antimusulmans ne baissent pas, mais font l’objet d’une sous-estimation.
Selon une étude de l’Agence européenne des droits fondamentaux dans 13 pays européens, 50 % des musulmans vivent des discriminations dans leur vie quotidienne. Aucune catégorie juridique spécifique ne réprime l’islamophobie en tant que telle. Mais plusieurs fondements juridiques permettent de réprimer les actes ou propos islamophobes: provocation, discrimination. Les propos ou actes islamophobes constituent une circonstance aggravante des crimes et délits qui en sont précédés, suivis ou accompagnés, ou commis pour cette raison.