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Faits divers

Des ados juifs français débarqués d'un avion en Espagne: Vueling accusé de "discrimination"

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Illustration. - Urbanandsport / NurPhoto / NurPhoto

Une cinquantaine d'adolescents français de confession juive qui rentraient de vacances en Espagne ont été brutalement débarqués d'un avion, amenant l'association organisatrice du séjour à annoncer jeudi son intention de déposer une plainte pour "discrimination" contre la compagnie aérienne espagnole Vueling.

Une cinquantaine d'adolescents français de confession juive qui rentraient de vacances ont été débarqués d'un avion de la compagnie Vueling en Espagne, amenant l'association organisatrice du séjour à annoncer jeudi une plainte pour "discrimination" contre le transporteur aérien.

Dans un long communiqué publié jeudi matin sur le réseau social X, la compagnie espagnole a imputé cet incident aux adolescents, accusés d'avoir eu un "comportement inapproprié" et "une attitude fortement conflictuelle, mettant en péril le bon déroulement du vol".

Une version réfutée "formellement et catégoriquement" par l'association Club Kineret, organisatrice de cette colonie de vacances, qui a assuré quelques heures plus tard, également par communiqué, que les adolescents avaient été débarqués "sans motif valable".

"Nous allons déposer une plainte pour violence physique, psychologique et discrimination sur le fondement de la religion", a précisé l'avocate de Club Kineret, Julie Jacob, évoquant des "circonstances aggravantes", certains enfants étant âgés de "moins de 15 ans".

L'incident s'est produit mercredi après-midi, lorsque ce groupe, qui se trouvait en Espagne depuis deux semaines, s'apprêtait à décoller de l'aéroport de Valence (sud-est) à destination de Paris-Orly. Deux versions s'opposent sur la suite des événements.

"Comportement agressif"

À en croire la compagnie à bas coût, les adolescents auraient "manipulé de manière inappropriée du matériel de sécurité et interrompu activement la démonstration obligatoire des consignes". "Malgré de nombreux avertissements, ce comportement inapproprié a persisté", amenant l'équipage à demander "l'intervention de la Garde civile" (équivalent de la Gendarmerie), qui a "procédé au débarquement du groupe", précise-t-elle.

D'après Vueling, "le comportement agressif du groupe s'est poursuivi" à la sortie de l'avion, entraînant l'interpellation d'une des adultes encadrant le groupe. Une vidéo présentée comme celle de cette interpellation a circulé sur les réseaux sociaux, montrant une jeune femme plaquée au sol sans ménagement et menottée par des agents de la Garde civile.

Contactée par l'AFP, la Garde civile espagnole a confirmé le récit de Vueling, en assurant que ses agents, à leur arrivée dans l'appareil, avaient vu "plusieurs moniteurs discuter vivement avec l'équipage" puis "adopter une attitude agressive" à leur égard.

La responsable de ce groupe, qui comprenait 44 mineurs et plusieurs encadrants majeurs, a été "jusqu'à pousser et attaquer" un agent, raconte la Garde civile, qui a ouvert une procédure pour rebellion contre un agent des forces de l'ordre.

"Aucun incident, aucune menace, aucun comportement inapproprié n'a été signalé" au sein du groupe, conteste dans son communiqué l'association Club Kineret, qui évoque une "scène d'une brutalité rare, injustifiée, et manifestement empreinte de partialité".

Selon l'association basée à Paris, "plusieurs passagers indépendants présents dans l'avion ont rédigé des attestations écrites confirmant que les enfants ne représentaient aucun trouble à l'ordre public ni à la sécurité du vol".

"Acte antisémite"

Joint au téléphone jeudi par l'AFP après son atterrissage à Paris, l'un des membres du groupe d'adolescents a également contesté la version des autorités espagnoles. "On s'est tous assis dans le calme à nos places respectives sans faire de bruit et j'ai un de mes amis qui a crié un mot en hébreu parce qu'il était encore un peu dans l'ambiance de la colonie", a raconté ce adolescent, prénommé Samson.

Le personnel de bord a alors, selon lui, intimé à l'adolescent d'arrêter et menacé de prévenir les forces de l'ordre si cela se reproduisait. "On a tout de suite arrêté de faire du bruit", ce qui n'a pas empêché la Garde civile de monter dans l'appareil, a-t-il ajouté.

Pour lui, le groupe pouvait être identifiable, certains signes religieux étant visibles, comme les tsitsit (franges qui dépassent des vêtements portées par les juifs pratiquants) d'un ado et des colliers avec l'étoile de David. Les enfants étaient "tranquilles" quand la Garde civile est arrivée, a aussi assuré la mère d'un des adolescents, Karine Lamy, sur la chaîne israélienne i24News, dénonçant "un acte antisémite".

Contactée, la mère d'un adolescent a affirmé sous le couvert de l'anonymat qu'"ils n'étaient pas 50 à chanter", contestant "l'image d'Epinal du retour de colo avec 50 gosses déchaînés". "Ils ont été débarqués comme des chiens", a-t-elle ajouté, précisant que les plus jeunes étaient "des gosses de 12-13 ans".

C.A avec AFP