Évêque, cadres, ouvriers... Qui sont les 55 suspects interpellés pour pédocriminalité?

Cinquante-cinq hommes ont été interpellés partout en France entre lundi et jeudi matin dans le cadre d'une vaste opération de démantèlement d'un réseau de pédocriminalité qui échangeait sur la plateforme Telegram, au terme de dix mois d'enquête de l'Office des mineurs (Ofmin).
"On a des ambulanciers, des gens qui travaillaient dans l'enseignement, dans des établissements scolaires dans des fonctions support, des cadres supérieurs, des manutentionnaires, des ouvriers, des pères de famille... Ils sont insérés dans la société. Ce qui démontre bien qu'il n'y a pas de clichés", explique au micro de RMC Quentin Bevan, chef du pôle opérationnel de l'Ofmin.
"C’est monsieur Tout-le-Monde", ajoute-t-il sur Franceinfo ce vendredi, précisant que "toutes les strates de la société peuvent être touchées par cette criminalité".
Un évêque... proche d'Alain Delon
Les mis en cause, âgés de 25 à 75 ans, parmi lesquels un prêtre, un grand-père, un ambulancier, "des bons pères de famille", un professeur de musique ou des célibataires, échangeaient sur l'application de messagerie chiffrée. Parmi les suspects, quatre cibles sont considérées comme sensibles, rapporte Le Parisien. Dont un évêque d’une église gallicane interpellé dans une église du Bas-Rhin, âgé de 45 ans et connu pour avoir été un ami proche d’Alain Delon, toujours selon la même source.
Un fonctionnaire de l'Education nationale
La procureure de la République de Strasbourg, Clarisse Taron, contactée par le quotidien francilien, a indiqué qu'il a été "déféré à l’issue de sa garde à vue en vue d’une comparution immédiate vendredi pour être jugé pour "détention d’images pédopornographiques", d'une période allant de 2017 à dimanche dernier.
Les autres cibles sensibles concernent un fonctionnaire de l’Éducation nationale travaillant comme agent territorial, potentiellement en contact avec des enfants et deux autres hommes, déjà connus pour des faits de détention d’images et vidéos à caractère pédocriminel et pères d'enfants de bas âge. Ils auraient publié des messages sur Telegram faisant état de leurs fantasmes de commettre des exactions sur mineurs.
"Ces individus 'low profile' se sentent protégés, anonymisés derrière ces messageries", déclare le chef du pôle opérationnel de l'Ofmin.
"Ces individus pratiquent la dissimulation, une insertion parfois dans la société qui n’éveille absolument pas les soupçons et c’est ce qui rend difficile le fait de les identifier, d’identifier leurs activités pédocriminelles, notamment d’identifier ceux qui ont pu passer à l’acte sur des enfants très jeunes de leur entourage", a aussi détaillé Quentin Bevan chez nos confrères de TF1.
42 départements concernés
Ces 55 hommes, qui ont des antécédents de pédopornographie, sont en contact avec des enfants, soit parce qu'ils ont des enfants ou des petits-enfants, soit qu'ils côtoient des enfants de par leur profession. Pour certains d'entre eux, ajoute Quentin Bevan, des "comparutions immédiates ont déjà eu lieu", pour d'autres, "les enquêtes seront longues pour matérialiser les faits".
Les interpellations ont eu lieu dans 42 départements, a minima pour détention, diffusion, et consultation habituelle de contenus pédopornographiques concernant des enfants de "moins de dix ans". "Il y a des pères et grands-pères qui annonçaient soit avoir déjà abusé ou touché un enfant soit qu'ils comptaient le faire", précise Quentin Bevan sur RMC.