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Faits divers

Fusillade à Grasse: "il faut du personnel strictement dédié à la sécurité de nos établissements"

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- - Valery HACHE / AFP

Une fusillade a eu lieu ce jeudi à la mi-journée dans le lycée Tocqueville de Grasse (Alpes-Maritimes). Huit personnes ont été légèrement blessées, dont le proviseur. Un élève du lycée, âgé de 17 ans, a été interpellé avec plusieurs armes. Une attaque qui remet au cœur du débat la sécurité des établissements scolaires.

Michel Richard, secrétaire général adjoint du SNPDEN (Syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale):

"La sécurité dans les établissements scolaires est complexe et ne peut pas être abordé avec des 'y a qu'à faut qu'on'. Sinon, il serait déjà résolu depuis longtemps. Les événements qui se sont déroulés à Grasse sont d'une extrême gravité. Pour autant, une fois que l'on a dépassé l'émotion du moment et de l'acte, il faut prendre un peu de recul et voir que l'ensemble des procédures, mises en place depuis plusieurs mois, ont bien fonctionné. Parce que, compte tenu de l'équipement quasi-militaire qu'avait le lycée interpellé, on aurait pu avoir un massacre comme il y en a aux Etats-Unis.

"Le problème ne peut pas se résoudre par un coup de baguette magique"

Néanmoins, bien évidemment, ce nouvel événement, dans lequel un personnel de direction est atteint dans son intégrité physique, ne manque pas de poser la question de la présence de personnels strictement dédiés à la sécurité de nos établissements. Mais on ne demande rien parce que lorsqu'on est dans la demande, cela veut dire que l'on a déjà la solution. Or, il faut surtout éviter d'être dans la posture qui consiste à avoir la solution et la réponse à tout. Le problème est complexe, difficile, et ne peut pas se résoudre uniquement avec un coup de baguette magique.

On se rend compte que les procédures mises en place en interne dans les établissements, que les dispositifs tenus par les forces de l'ordre et de sécurité fonctionnent. La preuve, à Grasse, le RAID est intervenu très rapidement, ce qui n'était pas envisageable il y a quelques mois sans la mise en place de ces procédures. Pour autant, malgré ces améliorations, la multiplication des faits dans lesquels des personnels de direction sont atteints dans leur intégrité physique, nous amène à dire qu'il faut aller au-delà de ces procédures. Il faut réfléchir s'il ne devient pas nécessaire, voire indispensable, d'aborder la question de la sécurité des établissements par d'autres moyens.

"Les portiques de sécurité ne sont pas la solution"

Ce qui est, en revanche, certain c'est que les portiques de sécurité ne sont pas une solution. En effet, dans un lycée, il y a entre 1.000 et 2.000 élèves. Cela veut donc dire que si l'on mettait ça en place, il faudrait des dizaines de portiques, donc des dizaines de personnels, mais surtout il faudrait faire venir les élèves une heure avant le début des cours. Ce qui est complètement impossible.

Compte tenu de l'analyse des événements passés, il faut regarder s'il n'y a pas des dispositifs supplémentaires à mettre en œuvre pour que l'introduction de personnes avec une intention belliqueuse puisse être mieux encadrée. Mais nous ne sommes pas dans le catastrophisme parce qu'il faut éviter à tout prix de se laisser porter par un excès d'émotivité, d'émotion et d'empathie. Parce que c'est dans ces cas-là que l'on a la mauvaise réponse à un vrai problème".

Propos recueillis par Maxime Ricard