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“Il a été abandonné”: la colère des proches d’Estéban, mort à 24 ans malgré plusieurs appels au Samu

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Le 29 janvier dernier, Estéban Vermeersch, 24 ans, décède d’un pneumothorax après plusieurs appels au service d'urgence. Sept mois après, sa famille et ses proches dénoncent sur RMC l’inaction des médecins et réclament justice. Ils souhaitent déposer plainte pour homicide involontaire contre le Centre hospitalier du Mans.

Le 28 janvier au soir, Estéban Vermeersch, 24 ans, appelle le Centre-15 du Mans, suffocant: “J’ai l’impression de respirer à moitié, comme si mes poumons ne se remplissaient pas”. Depuis plusieurs heures, son état s’aggrave dans la maison familiale de Mamers. Essoufflé, incapable de se redresser, il inquiète sa mère qui note soigneusement ses symptômes pour les médecins.

Mais à 22h32, le médecin régulateur du Samu le rassure: “Je ne suis vraiment pas inquiet”, entend-on sur les enregistrements. Le service d'urgence conclut à un problème musculaire et aucun secours n'a été envoyé. Mais le lendemain, son cœur lâche après un pneumothorax.

Après un second appel au Samu, la mère d’Estéban tente de l’emmener aux urgences. Mais en sortant de la maison, il s’effondre, victime d’un arrêt cardiaque. Elle pratique un massage cardiaque avant l’arrivée des pompiers. Transféré au CH du Mans et opéré, le jeune homme décède.

"Obtenir justice"

Sept mois après la mort d’Esteban, sa mère, Dorothée, et ses deux sœurs restent dans l’incompréhension. Pourquoi malgré deux appels, les médecins ne se sont-ils pas déplacés? Pourquoi n’ont-ils pas pris en compte les supplices du jeune homme?

“Je ne comprends pas qu’on puisse laisser un jeune de 24 ans, excusez-moi des termes, crever dans son lit comme ça sans rien faire, sans se déplacer. Comment peut-on déduire qu’il s’agit d’une douleur musculaire alors que ce n'est qu’un appel. On ne peut pas l’examiner? Lui obtenir justice, c'est ça que je veux. C’est une victime du Samu. Ils ne l’ont pas écouté, ils ne nous ont pas écoutés. Je me sens délaissé”, relate Eléa, la soeur de la victime.

Il a fallu un malaise et un troisième appel pour que les pompiers arrivent enfin. Après 50 minutes de massage cardiaque, Esteban est finalement transféré au Mans où il mourra le lendemain matin. Un choc, aussi, pour Morgane, sa meilleure amie avec qui il travaillait dans une boulangerie de Mamers.

“Je travaillais avec lui la veille du drame. C’était quelqu’un de dynamique, de réservé mais toujours souriant. De la bonne humeur toujours même quand ça n’allait pas. Il savait remonter le moral, c’était quelqu’un de solaire. C’était un soleil”, témoigne-t-elle au micro de RMC.

"Pourquoi personne n’a réagi? Pourquoi personne n’a rien fait?"

Elle poursuit: “Son décès, ça a été compliqué. J'étais dans l’incompréhension… Pourquoi? Je n’ai pas compris et ça a été compliqué. Comment ça peut arriver à cet âge-là, aussi rapidement? Pourquoi personne n’a réagi? Pourquoi personne n’a rien fait? Il a été livré à lui-même et sa maman aussi malheureusement. Je n’en veux pas spécialement à l’hôpital, mais au Samu oui. Quand une mère appelle pour dire que son fils n’est pas bien, ils auraient dû comprendre la démarche de la maman. Au bout du deuxième appel, ils auraient dû réagir”.

“J’ai plus de colère, mais beaucoup de tristesse. Pour moi, il a été abandonné. Il a voulu qu’on l’aide, mais personne n’a été là pour l’aider. Si cette plainte n’apporte pas de réponse, j’espère au moins qu’elle servira pour les autres, que ça ne se reproduise plus”, conclut Morgane.

Contacté par RMC, l’hôpital du Mans n’a pas souhaité faire de commentaires, mais indique avoir rencontré la famille en avril dernier. Cette dernière a déposé une demande d’indemnisation qui est actuellement en cours d’instruction.

Martin Lange et Charline Andrieux