"Il pouvait dire n’importe quoi": des amies du suspect de Nogent témoignent d'une personnalité "aléatoire"

La garde à vue du collégien de 14 ans interpellé mardi matin pour avoir poignardé mortellement une surveillante de son collège à Nogent (Haute-Marne) a été prolongée de 24 heures, jusqu'à jeudi matin. La commune, les élèves et toute la communauté éducative sont encore sous le chox au lendemain de ce drame. Les cours, suspendus, doivent reprendre jeudi. Une cellule psychologique a été ouverte.
Deux collégiennes scolarisées au sein de l'établissement, amies avec l'auteur des faits, ont accepté de témoigner auprès de RMC. "On était amis mais on ne traînait pas souvent ensemble. Je comprends pas qu’il soit passé à l’acte. De base, il était gentil et calme", explique Louise*. "Vendredi, quand il était avec sa petite copine et que j’étais avec eux, il était normal, il avait le sourire et nous faisait rire."
"Il pouvait s’énerver et dire n’importe quoi"
Toutefois, "il avait un peu une personnalité aléatoire, elle changeait, j'ai l'impression", note la collégienne. "C'était quelqu’un de bien mais des fois, il pouvait s’énerver et dire n’importe quoi, des trucs qui n’avaient aucun rapport avec ce qu’on disait avant, c’était un peu décousu", abonde Manon*.
Un collégien qui "ne présentait pas de difficultés particulières", a fait savoir la veille la ministre de l'Education, Élisabeth Borne, sur place mardi. L'auteur des faits était même ambassadeur de son collège contre le harcèlement scolaire. Cependant, il avait fait l'objet de "deux exclusions temporaires" au début de l'année "pour perturbations en classe". Il a également été exclu à deux reprises pour des "faits de violence commis au sein de l’établissement les 19 et 28 novembre pour un coup de poing sur un camarade et pour une tentative d’étranglement sur un autre."
"Il aime les animés, les jeux vidéo et faire de la boxe. On le reprenait parce qu’il faisait des gestes, une fois à la cantine, il faisait comme si il mettait des coups de poing. Une surveillante l’avait repris pour lui dire d’arrêter de faire ça. Il n'en faisait pas au club je crois", se rappelle Manon.
"Il n'aimait pas Mélanie, il la trouvait énervante"
Les enquêteurs vont se pencher sur la préméditation ou pas de l'acte et si la surveillante tuée était, de base, la cible du collégien. Le procureur de la République de Chaumont a prévu une conférence de presse ce jeudi à 17h.
Selon les deux collégiennes, les rapports entre la victime et son meurtrier n'étaient pas au beau fixe. "Je sais qu’une fois, il m’a dit qu’il n’aimait pas Mélanie (prénom de la surveillante, NDRL). Il la trouvait énervante. Apparemment, Mélanie était toujours "après lui", mais moi je ne l’ai jamais vu lui dire quoi que ce soit ou lui faire une remarque", se remémore Louise.
"Je sais que parfois, ça pouvait arriver qu’il insulte des surveillants, mais jamais devant eux. Mais devant moi et une autre amie, une fois, je me souviens, il avait insulté Mélanie de "connasse", dit Manon. De là à nourrir une rancoeur contre elle et s'en prendre à elle? "Il n’a jamais dit : 'Je vais me venger'. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il passe à l’acte", avance Louise.
Mélanie, "c'était notre surveillante préférée"
"On était en train de parler avec des amis quand la sirène a retenti. Mon amie et moi, on pensait que c’était un exercice. Quelqu’un est venu nous dire que ce n’en était pas un, et que l’auteur avait poignardé Mélanie. On n’en revenait pas. C’était notre surveillante préférée", regrette la même collégienne.
Minute de silence jeudi
Elisabeth Borne a annoncé une minute de silence dans tous les établissements scolaires jeudi midi en hommage à l'assistante d'éducation de 31 ans, ancienne coiffeuse qui s'était reconvertie et travaillait au collège depuis septembre.
* Les prénoms ont été modifiés