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Immeuble évacué à Echirolles: le trafic de drogue "a accéléré les dégradations", reconnaît la maire

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Des habitants d'un immeuble à Echirolles (Isère) sont contraints d'évacuer leur logement d'ici vendredi, en raison d'un "danger de mort". Depuis plusieurs années, un point de deal s'est installé devant celui-ci. Sur RMC, la maire de la commune a reconnu que celui-ci avait "accéléré les dégradations" du bâtiment, réclamant par ailleurs davantage de moyens pour mieux lutter contre le trafic de stupéfiants.

Les habitants d'un immeuble servant de point de deal à des trafiquants de drogue à Echirolles, dans la banlieue de Grenoble, ont été sommés par la mairie d'évacuer d'ici vendredi le bâtiment pour sa "remise en sécurité". Un arrêté municipal a ainsi été pris en raison du "danger de mort permanent et imminent" auquel sont confrontés les habitants, a précisé ce mercredi Amandine Demore, la maire de la commune, sur RMC.

L'édile l'a martelé à plusieurs reprises au micro des Grandes Gueules. L'évacuation est due "surtout à cause de l'état de dégradation" de l'immeuble, précisant néanmoins que le trafic de drogue a "contribué à son "accélération".

Boîtiers électriques dégradés

"J’ai reçu aujourd’hui un rapport d’expertise qu’on avait mandaté lundi, qui témoigne d’un danger de mort permanent sur ce bâtiment en lien avec les dégradations qui se sont poursuivies sur ces derniers mois. C’est l’intégralité des tableaux électriques sur les parties communes, les boitiers ont été cassés, les fils sont à nus", a détaillé l'élue.

Amandine Demore l'a affirmé, la municipalité a "alerté depuis une dizaine d'années sur ce bâtiment". "Cela a commencé avec un peu de squat. On avait très vite envoyé des préconisations à la copropriété."

Échirolles : un immeuble évacué à cause des dealers - 25/09
Échirolles : un immeuble évacué à cause des dealers - 25/09
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"Beaucoup de locataires sont partis"

Car le bâtiment est une coproproriété privée. "Logiquement, c’est au propriétaire d’assurer le relogement. Mais nous allons accompagner. Personne ne sera à la rue", a-t-elle assuré mardi.

"On a pour l’instant identifier une quinzaine de locataires dans cet immeuble qui compte 82 logements. Ils ont été reçus par le centre communal d’action social", a-t-elle indiqué dans les Grandes Gueules. Les services de la mairie travaillent ainsi conjointement avec la préfecture de l'Isère pour le relogement d'urgence d'ici vendredi.

"Les dealers ont foutu des gens dehors, en les menaçant régulièrement. Beaucoup de locataires sont partis", a affirmé de son côté Enrick, auditeur des Grandes Gueules, dont l'un de ses proches a habité l'immeuble Le Carrare.

Stéphane, agent immobilier dans l'agglomération grenobloise et auditeur RMC, connaît lui aussi l'immeuble: "Ce sont des petites surfaces, de 15 à 25 m², la copropriété date de 2002 ou 2005", a-t-il expliqué.

"La copropriété a fait le job... La République a abandonné"

"Elle a bien vécu dans un premier temps, avec des étudiants, des jeunes actifs... Puis le squat s'est installé, puis le trafic. La copropriété a fait le job", selon lui, mais "la République a abandonné". L'immeuble est situé à une "cinquantaine de mètres du poste de police", "il y a eu des interventions mais pas de moyens pour enlever le point de deal", a poursuivi Stéphane.

"L'immeuble est dans un état de sécurité lamentable, aujourd'hui la maire a raison, il reste 12-15 habitants. Des jeunes travailleurs, parfois en instance de régularisation... J'y suis allé il y a six mois, c'est la totale: guetteurs, canapés..."

"Renforcement du service public"

La maire a tenu à assumer son arrêté, invoquant "sa responsabilité de mettre à l'abri" ses administrés. Qu'en est-il du point de deal? "On s'attaque à la cause", a répondu la maire, affirmant prendre le sujet "à bras le corps". Pour cela, Amandine Demore a plaidé pour le "renforcement du service public".

"La lutte contre les stupéfiants, il faut mettre les moyens de partout. Justice, police nationale...", a-t-elle énuméré, rappelant que nombreux Français "subissent" le trafic de drogue "dans plein lieux en France". "On fait le focus sur ce bâtiment car j'ai pris des mesures de sécurité mais regardez l'état du deal en France..."

Des effectifs supplémentaires demandés à Emmanuel Macron fin août

La maire d'Echirolles a confirmé s'être adressée à Emmanuel Macron fin août, pour "lui dresser le constat de ce qu'on a vécu cet été dans l'agglomération grenobloise". "Je lui ai demandé des effectifs supplémentaires", se basant sur les recommandations des syndicats de police. "On a besoin de retrouver une police de proximité, remettre des moyens sur la prévention. Il faut repenser les choses plus globalement", a-t-elle plaidé.

Avec Bruno Retailleau, "je crains qu'on ne reste dans la politique du chiffre"

Bruno Retailleau, nouveau de ministre de l'Intérieur, a promis davantage d'ordre et de fermeté. Suffisant pour rassurer les élus? "Je crains qu'on ne reste dans la politique du chiffre", a balayé Amandine Demore.

Léo Manson