RMC
Faits divers

Isère: malgré l'aveu en 2022 d'un meurtre en 1986, un quinquagénaire laissé libre

Le Pôle national dédié aux crimes sériels et non élucidés (PCSNE) se trouve au sein du tribunal de Nanterre.

Le Pôle national dédié aux crimes sériels et non élucidés (PCSNE) se trouve au sein du tribunal de Nanterre. - PCSNE

L'homme qui a avoué avoir tué Marie-Thérèse Bonfanti en 1986 va être laissé libre sous contrôle judiciaire le temps que la justice détermine si les faits sont prescrits.

Libre, malgré tout, Un quinquagénaire, qui a avoué en 2022 avoir tué une jeune femme il y a 37 ans, va rester en liberté sous contrôle judiciaire en attendant que la justice décide si les faits sont prescrits. L'homme, accusé du meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti en Isère en 1986, avait été libéré le 7 décembre après un arrêt de la Cour de cassation allant dans le sens de la prescription.

Le parquet de Grenoble avait immédiatement fait appel de sa remise en liberté mais sa requête a été rejetée jeudi, ont indiqué le procureur Eric Vaillant et l'avocat de la famille de la victime, Me Bernard Boulloud.

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble a toutefois ajouté une obligation pour l'accusé de pointer une fois par semaine à la gendarmerie, a précisé le procureur de Grenoble.

Le crâne de la jeune femme découvert après les aveux

Marie-Thérèse Bonfanti, âgée de 25 ans et mère de deux enfants, avait disparu le 22 mai 1986 alors qu'elle distribuait des journaux à Pontcharra, en Isère. Un voisin avait été soupçonné puis relâché et l'enquête s'était soldée par un non-lieu en novembre 1987.

Mais le dossier de cette emblématique affaire classée (cold case) avait rebondi en mai 2022 avec l'interpellation de ce voisin, suivie de sa mise en examen et de son placement en détention provisoire.

Il avait fini par reconnaître avoir tué Mme Bonfanti et dit où trouver la dépouille de la victime. Des fouilles organisées dans une forêt de l'Isère avaient permis de découvrir le crâne de la jeune femme. Le mobile était un "litige" pour un problème de stationnement, avait précisé Boris Duffau, l'adjoint du procureur de l'époque.

Prescription qui démarre à partir de la mort ou des aveux?

La question de la prescription des faits s'était immédiatement posée. Pour un crime, le délai maximal est de 30 ans. En janvier, la cour d'appel de Grenoble avait jugé que, dans cette affaire, le délai démarrait au moment des aveux, en mai 2022, puisque auparavant Mme Bonfanti était simplement considérée comme "disparue".

Le 28 novembre, la Cour de cassation avait annulé cet arrêt et renvoyé le dossier devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon. L'avocat de la famille de la victime a annoncé vouloir "re-plaider" devant cette instance. "Tout est encore possible même si la fenêtre de tir est très étroite", a-t-il déclaré fin novembre à l'AFP.

J.A. avec AFP