"Je regrette de ne pas avoir pu le sauver": le père de l'ado de 14 ans retrouvé battu à mort témoigne

Le corps d'un adolescent de 14 ans a été découvert jeudi dans sa maison familiale d'Alénya (Pyrénées-Orientales). Son beau-père est suspecté de l'avoir battu à mort. Ce dernier et la mère biologique d'Emilio ont été interpellés à Bezons (Val-d'Oise) où ils avaient pris la fuite.
Comme RMC vous l'expliquait plus tôt dans la journée, l'affaire a débuté par les révélations d'un ami du principal suspect, venu au commissariat d'Argenteuil pour rapporter que l'homme de 42 ans lui avait confié "avoir fumé son beau-fils", comme l'a confirmé le parquet dans un communiqué.
"La levée de corps révélait un décès remontant à plusieurs jours et la présence de multiples traces de violence", a précisé le procureur de la République de Perpignan Jean-David Cavaillé dans son communiqué.
"Il a dû subir ça pendant longtemps"
Le père biologique, qui ne voyait ses enfants que lors de visites encadrées, témoigne pour RMC ce vendredi et décrit une relation compliquée avec le beau-père et un cadre familial marqué par les violences. "On a eu le droit à une garde alternée, puis après l'arrivée de son nouveau compagnon (de son ancienne compagne, NDRL), malheureusement, les enfants ont été manipulés et ont dit des choses qui ont été remontées auprès de la justice", affirme-t-il.
N'ayant plus droit qu'à "deux samedis par mois" dans un "centre", il lui était difficile, selon lui, de concilier ses visites et son emploi du temps professionnel. Un éloignement avec ses enfants qui aurait permis, à en croire le père, de "faire en sorte que les enfants ne veulent plus du tout" le voir. "Ce n'était pas le langage que j'ai connu de mon fils et de ma fille."
Du fait cette mise à distance de ses enfants, "je ne pouvais plus faire de signalements, je n'avais plus la possibilité de contact avec eux". Très peu d'éléments m'arrivaient pour suspecter quelque chose", relate ainsi le père de la victime.
"Inquiets, on l'était tous ! Mais on ne pouvait rien faire, démunis", souffle-t-il, joint par téléphone.
"Emilio, c’était un garçon très gentil, il n’était pas méchant du tout (...). Le beau-père aurait battu mon fils à mort parce qu’il aurait violé sa sœur. Non, c’est un mensonge", assure-t-il.
La violence était pour Emilio "un quotidien" selon le père. "Il a dû subir ça pendant longtemps. Il avait eu les cheveux arrachés la dernière fois que je l'ai ramené à sa mère. Quand il avait fait une bêtise on lui prenait sa nourriture et sa mère ou son beau-père mangeaient devant lui pour le punir, c'est cruel", raconte-t-il. "La seule fois on aurait pu en parler, il tremblait comme une feuille..."
"On a eu des échanges houleux"
Le père explique avoir failli en "venir aux mains" avec le beau-père à plusieurs reprises. "J’ai voulu avoir des explications avec la mère mais elle n’a pas voulu intervenir. Je sais qu’elle n’a pas commis de violences, mais avec son compagnon on a déjà eu des échanges assez houleux", décrit-il.
"Ce que je ne comprends pas : elle voit son fils se faire battre, et elle ne fait aucune remontée, c'est plus que suspect..."
Le père endeuillé rapporte également que la "grand-mère maternelle" de son fils "avait écrit deux lettres au procureur pour décrire des faits de violences qui n'ont jamais donné suite".
Il confie, enfin, des "regrets" de ne pas avoir pu faire davantage pour sauver son enfant. "Si je n'avais pas eu toutes ces difficultés à réunir les fonds pour me défendre, peut-être que j'aurais pu faire autrement. Aujourd’hui, je veux juste que justice soit faite et que les coupables soient incriminés", conclut-il.