"L’assassinat de mon frère aurait pu être évité": la sœur de Mahamadou Cissé témoigne

"Je dois me lever, avertir les médias". Après la mort de Mahamadou Cissé (21 ans) le 9 décembre 2022 à Charleville-Mézières (Ardennes), tué par un voisin de 83 ans, sa sœur Assetou Cissé veut "mettre de la lumière sur cette affaire pour qu’elle soit traitée de manière impartiale". "Et je dois aussi dire que mon frère, c’est la victime, pas le coupable, explique-t-elle dans ‘Apolline Matin’ ce jeudi sur RMC et RMC Story. Pourquoi il est incriminé ? Et pourquoi ce meurtrier est mis en avant ? On redore son image, on l’humanise…"
Après le drame, le procureur de la République Matthieu Bourrette avait évoqué un "meurtre par exaspération", l’accusé avait affirmé qu'il ne connaissait pas personnellement la victime mais qu'il était en conflit avec "un groupe de jeunes" de l'immeuble qui "l'empêchait d'aller et venir, de rentrer chez lui" en "se situant régulièrement dans son hall d'immeuble". "Dans l’affaire, il y a eu pas mal de négligences, des choses qui ont été dites et qui incriminaient mon frère. Notamment quand le procureur qualifie le meurtre de mon frère de meurtre par exaspération, ce n’est pas concevable pour nous, ni entendable", estime Assetou Cissé.
Et la sœur de Mahamadou Cissé est certaine que "l’assassinat aurait pu être évité". Au micro de RMC, le fils d’une habitante de l’immeuble assure qu’il avait prévenu la police municipale au sujet de cet homme de 83 ans. "J’avais averti, ‘le papy du rez-de-chaussée il va tirer, il est à deux doigts de craquer’", explique Jamel. Selon lui, l’accusé lui avait dit: "J’en ai marre des jeunes, un de ces jours je vais en tuer un, pour ce qu’il me reste à vivre j’en ai plus rien à foutre. Je te jure, je suis équipé".
"Rien n’a été fait"
"Ce voisin avait appelé le responsable de la police municipale dix jours avant, souligne Assetou Cissé. Son alerte n’a pas été prise en compte. L’assassinat de mon frère aurait pu être évité, si la police avait au moins daigné rencontrer ce monsieur. On l’avait alertée de deux choses. La première, c’est qu’il avait une arme, illégale. La deuxième, c’est qu’il avait le projet de tuer. Quelqu’un qui a du sens, qui réfléchit, et quand on est policier, forcément, on prend au sérieux ce genre d’alerte. Soit on avertit les services compétents, soit on rend visite à ce monsieur. Rien n’a été fait."
"Il a abattu mon frère sur la voie publique, précise la sœur de Mahamadou Cissé. Ils n’étaient pas dans le hall de l’immeuble, ils étaient sortis et étaient devant l’immeuble. Il n’y a pas eu forcément d’altercation. Il leur a simplement demandé de partir de l’immeuble, donc ils sont sortis. Et il est arrivé à une deuxième reprise, parce qu’il ne voulait absolument pas les voir en bas. Il leur a demandé de partir et ils ont dit qu’ils ne faisaient rien de mal. Il est parti chercher son arme, qu’il a pointée vers eux. Mon frère le connaissait depuis 20 ans. Forcément, il n’a pas fui, il a essayé de le raisonner. Mais ce monsieur était assez déterminé. On l’a su après parce que dans son témoignage, quand la juge le rencontre, il dit avoir pris le soin de recharger l’arme. Il l’a chargée de 11 balles. Ça montre son intention, sa détermination de tuer."