"Laissez tomber, elle est morte": la sœur d'Amandine, morte de faim, témoigne des sévices de leur mère

"Laissez tomber, elle est morte". Devant les assises de l'Hérault mercredi, Ambre, 19 ans, a témoigné avec son frère Ethan, 15 ans, de l'enfer enduré par leur soeur Amandine, morte à 13 ans après avoir été affamée par leur mère, Sandrine Pissara. Le 6 août 2020, jour de son décès d'un arrêt cardiaque, au domicile familial de Montblanc (Hérault), près de Béziers, la collégienne ne pesait plus que 28 kg pour 1,55 m.
Lorsqu’ils prennent successivement la parole, Ethan et Ambre sont à 5 mètres à peine de leur mère, tête baissée dans le box. Et ils n’épargnent pas l’accusée: "Elle nous frappait tous les trois" dit Ambre, 19 ans. Une fois, elle a cogné la tête d’Amandine contre le mur", ajoute Ethan, 15 ans.
"De la mousse sortait de sa bouche"
"Le jour de sa mort, à la mi-journée, j’ai vu maman totalement paniquée", explique la jeune femme. "Maman me dit qu’Amandine n’est pas bien, alors je suis allée la chercher dans le débarras avec Jean-Michel", le beau-père d'Amandine également poursuivi pour "privation de soins et aliments qui ont entraîné la mort".
"Elle était très maigre, elle essayait de parler, je ne comprenais rien, de la mousse sortait de sa bouche. Je me suis aperçu de sa maigreur, je ne l’avais jamais constaté auparavant", raconte la sœur de la victime à la Cour.
"Maman voulait l’accompagner à l’hôpital. Alors je l’ai lavée, installée sur le lit puis habillée, elle n’était pas bien, Jean-Michel l’a mise en position latérale de sécurité. Et puis, j’ai dit : 'Laissez-tomber, elle est morte'", poursuit Ambre.
Des sévices "d'une banalité"
"Ce qui est glaçant, c'est la banalité avec laquelle cette jeune fille raconte ces sévices, extrêmement violent, on a l'impression que c'est normal", constate Nathalie Bucquet, avocate de l’association "Innocence en danger" qui salue le courage des deux enfants qui ont pris la parole pour raconter ces violences du quotidien, qui ont provoqué la mort de leur sœur.
"Il y a une prise de conscience à avoir c'est que ces deux enfants ont été victimes de violence et il n'y a pas de procès pour eux", ajoute l'avocate.
Des scènes qui "flirtent avec l’insoutenable"
"Les maux qu’ils ont décrits ont fait franchir un nouveau palier", estime de son côté Jean-Marc Darrigade, l'avocats de Sandrine Pissara la maman d'Amandine. "Les scènes décrites flirtent avec l’insoutenable et pour autant, Sandrine Pissarra les accepte et remercie même sa fille d’avoir eu le courage de les dénoncer", poursuit-il.
Les deux accusés, Sandrine Pissarra et son compagnon Jean-Michel Cros, encourent respectivement la réclusion à perpétuité pour "actes de torture ou de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et 30 ans de prison pour "privation de soins et aliments qui ont entraîné la mort". Ils doivent être interrogés une dernière fois ce jeudi, avant le réquisitoire du parquet et les plaidoiries. Le verdict est attendu ce vendredi.