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Faits divers

Niant les faits depuis 4 ans, la mère d'Amandine, morte de faim à 13 ans, reconnaît la torture au procès

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Le procès de la mère et du beau-père d'Amandine aux Assises de l'Hérault se poursuit avec un tournant inattendu: Sandrine Pissara a finalement avoué les faits mardi soir en fin d'audience.

Elle niait les faits depuis 4 ans. Aux Assises de l’Hérault, Sandrine Pissara, accusée d'avoir affamé à mort sa fille Amandine âgée de 13 ans, a pour la première fois reconnu les faits mardi soir, au deuxième jour de son procès.

La jeune adolescente est décédée le 6 août 2020 d'un arrêt cardiaque à son domicile familial de Montblanc (Hérault), près de Béziers... Amandine ne pesait plus que 28kg pour 1,55m, victime des "actes de torture ou de barbarie" par sa mère. Des faits que Sandrine niait depuis des années et depuis le début du procès, et pour lesquels elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Mère de huit enfants, de trois pères différents, elle est jugée pour "actes de torture ou de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner", et le beau-père, Jean-Michel Cros, encourt 30 ans de prison pour "privation de soins et aliments qui ont entraîné la mort".

Des aveux soudains

Des aveux survenus à la fin de l’audience, lorsque le président a fait diffuser un enregistrement audio, réalisé en 2019 par les voisins. On y reconnaît la voix de la maman, des cris et des pleurs de l’adolescente qui dit à sa mère: "Aie, arrête, pas ça, j’ai mal" !

Le magistrat demande à l’accusée : "Madame, reconnaissez-vous les violences commises sur Amandine entre 2014 et 2020"?

La réponse tombe : "Oui".

"Ainsi que les actes de torture et de barbarie commis entre le 17 mars et le mois d'août, notamment les humiliations, de l'avoir confinée dans une pièce pendant des semaines, de l'avoir affamée ?"

"Oui, je reconnais", répond la mère, qui pleure.

"C'est la première fois que je vous vois pleurer", remarque le président...

Dans la foulée, son compagnon, reconnaît également les faits, ajoutant : "J’ai une culpabilité énorme là-dessus !"

Verdict attendu vendredi

Longuement interrogée comme témoin mardi, avant ces aveux soudains, une autre de ses filles, Cassandra, 28 ans, avait raconté les violences et les privations de nourriture subies pendant l'enfance.

"Un jour, ma mère m'a ouvert la tête avec un manche de balai", se souvient la jeune femme, qui n'avait jamais osé dénoncer ces faits.

"Personne ne pouvait nous sauver, on ne pouvait qu'attendre nos 18 ans pour prendre notre envol et espérer que ceux qui restent survivent".

Ce que vous décrivez, "c'est du totalitarisme familial", lui fait remarquer le président de la cour, en évoquant l'ambiance instaurée par la mère de huit enfants, de trois pères différents, propriétaire d'une onglerie.

"On m'a servi un flageolet dans mon assiette"

Entendu à sa suite, son frère Jérémy, 29 ans, décrit également les violences encaissées jusqu'à son départ de la maison, à 18 ans.

Pour avoir fait tomber "un gros pot en céramique", sa mère l'étrangle. Puis, pour le repas, "on m'a servi un flageolet dans mon assiette, c'était humiliant", dit-il, assurant que sa mère l'avait déjà "menacé de mort". Une autre fois, Cassandra et lui ont dû rester agenouillés des heures durant sur une règle de bois, en tenant un dictionnaire à bout de bras au-dessus de la tête.

Le verdict attendu vendredi au plus tard.

Jean-Wilfrid Forquès (édité par J.A.)