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Faits divers

"Le parquet antiterroriste a du mal à réaliser que des musulmans peuvent être victimes de terrorisme"

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Après le meurtre d'Hichem Miraoui dans le Var et la diffusion de vidéos racistes par son meurtrier, l'avocat de la famille Mourad Battikh, invité de RMC, accuse les médias et certains hommes politiques d'attiser la haine. Et il rappelle que les musulmans "peuvent être victimes de terrorisme".

Le parquet antiterroriste saisi, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau évoque un crime "raciste" et "antimusulman". Après le meurtre à Puget-sur-Argens (Var) d'Hichem Miraoui, un Tunisien tué par son voisin qui a diffusé des vidéos racistes faisant "allégeance au drapeau français", les condamnations sont unanimes.

Pour Mourad Battikh, l'avocat de la famille de la victime, ce meurtre ressemble beaucoup à celui d'Aboubakar Cissé, un Malien de 22 ans tué le 25 avril dernier dans une mosquée à La Grand-Combe (Gard): "Ce sont quasiment les mêmes faits, la même méthodologie, le même mode opératoire", déplore-t-il ce mercredi sur RMC et RMC Story.

Mais contrairement au meurtre d'Aboubakar Cissé, le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est cette fois saisi de l'affaire: "Enfin et c'est une bonne chose", se félicite Mourad Battikh alors que le Pnat justifie sa saisie par les motivations du suspect du meurtre d'Hichem Miraoui.

Dans le cas d'Aboubakar Cissé, le Pnat avait justifié ne pas se saisir de l'affaire en raison du profil médical d'Olivier H. le suspect: "C'est une erreur", déplore Mourad Battikh qui fait un lieu entre les deux meurtres. "Le parquet national antiterroriste a du mal à réaliser que des musulmans, des individus d'origine étrangère peuvent être victimes de terrorisme dans notre pays. C'est extrêmement grave ce qui se passe dans notre pays et c'est la réalité".

"On ne peut pas imaginer que répéter ces thèmes à longueur de journée, n'ait aucune conséquence"

Et ce terrorisme à l'encontre des musulmans est alimenté par les hommes politiques et les médias, assure l'avocat: "L'individu a publié sur les réseaux des vidéos et messages où il fait référence à Jean-Marie Le Pen, Jordan Bardella, Marine Le Pen, la future élection. C'est le vocabulaire qu'on entend au quotidien dans les médias et chez les hommes politiques".

"On revient sur la même thématique qui cause des effets. On ne peut pas imaginer que répéter ces thèmes à longueur de journée, n'ait aucune conséquence en bout de chaîne sur des individus poreux qui peuvent être influencés par ce discours", ajoute Mourad Battikh.

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La réaction de Bruno Retailleau, "le minimum syndical"

Dans ces conditions, il fustige la réaction du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau: "Sa première réaction, c'était un tweet au bout de 48h qui arrive toujours trop tard, il n'y a pas eu de prise d'attaches avec la famille. Sa réaction, c'est le minimum syndical", tacle-t-il.

"Pourquoi il ne dit pas 'quand on touche à un musulman, on touche à la République'. C'est important, c'est une formulation positive et il est incapable de le faire et est sur la retenue", martèle l'avocat qui ne veut pas faire une "fixette" sur Bruno Retailleau.

"Ça n'est pas le seul, il y a une atmosphère générale qui est dangereuse. Je porte la voix des parties civiles mais j'alerte sur ce qui se trame. Il faut réfléchir pour que ça ne se reproduise plus. Il y a un climat, des mots qui sont dits, repris partout et en bout de chaîne, il y a une forme de responsabilité", conclut Mourad Battikh.

G.D.