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Faits divers

À Saint-Denis, la mairie renforce la sécurité après le meurtre d'un adolescent de 14 ans

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La ville de Saint-Denis a interdit jeudi et jusqu'à lundi les attroupements dans l'espace public après la mort d'un adolescent, poignardé mercredi soir dans une station de métro, dans un contexte de tensions inter-quartiers.

Après la mort d'un adolescent de 14 ans poignardé sur le quai du métro à Saint-Denis, la ville a renforcé la sécurité et interdit les attroupements en réponse à un "drame absolu".

La mairie a pris jeudi un arrêté interdisant "tous regroupements et attroupements de personnes entraînant des occupations abusives, prolongées du domaine public portant atteinte à l'ordre et à la sécurité (...) jusqu'au lundi 22 janvier à midi".

"On a tous été choqués, effarés par la brutalité, le non-sens total de ce drame absolu que nous avons connu" mercredi, a déclaré le maire PS de Saint-Denis Mathieu Hanotin lors d'une conférence de presse.

"Ce cycle d'escalade de la violence, il faut le casser", a ajouté l'édile, évoquant une montée des tensions ces derniers jours.

À ses côtés, la commissaire de Saint-Denis Anouck Fourmigué a indiqué que "des dizaines d'équipages de police sont mobilisés (...) autour des établissements scolaires et des lieux fréquentés par les jeunes. Le mot d'ordre est de dissuader et d'être visible".

Le maire a également invité les parents à "inciter les adolescents et jeunes à rester à domicile ces prochains jours en dehors des temps scolaires et activités périscolaires".

Si les mineurs ne sont pas spécifiquement mentionnés dans l'arrêté, l'objectif est d'éviter un "match retour", dans le cas où l'hypothèse de rixes inter-quartiers se confirmait.

Vers 19H45 mercredi, Sedan, un adolescent de 14 ans, a été poignardé à mort sur le quai de la ligne 13 à la station de métro Basilique de Saint-Denis. Il a reçu un coup de couteau dans le dos et des coups de pieds et poings, selon une source policière.

Le garçon a été grièvement blessé avant de décéder sur place, malgré un massage cardiaque effectué par les pompiers. Le nombre exact d'assaillants reste à déterminer et aucune interpellation n'a eu lieu en l'état. Les raisons de l'agression n'étaient pas claires dans l'immédiat, a précisé une autre source policière.

Un rassemblement en hommage au collégien sera organisé samedi à 11H00 sur le parvis de l'Hôtel de Ville.

Présence policière

Depuis plusieurs jours, la commune de 114.000 habitants, la plus peuplée de Seine-Saint-Denis, connaît un "contexte de vives tensions entre individus" d'après la mairie. Mercredi, le jour de la mort de Sedan, un lycéen avait été grièvement blessé devant son lycée dans la matinée.

D'après une source policière, le dispositif policier déjà mis en place avant mercredi et depuis renforcé "vise à la fois les transports en commun et l'ensemble de la circonscription de sécurité publique de Saint-Denis". "Il y avait eu des rixes précédentes, pas sur le secteur de Basilique, des renforts étaient déjà déployés", a-t-elle ajouté.

La présence policière se ressentait jeudi sur les lieux du drame. Un camion de CRS était stationné à l'entrée de la station de métro où l'adolescent a été poignardé et des patrouilles de policiers circulaient dans le quartier, a constaté une journaliste de l'AFP.

"On avait vu dans les stories (sur les réseaux sociaux) et sur TikTok qu'il y avait cette info qui passait sur BFM, on ne savait pas que c'était lui. Des amis ont vu la scène et ils nous ont dit que c'était lui", a expliqué à l'AFP Mehdi, 14 ans.

"C'est la vie, c'est comme ça", a stoïquement ajouté le collégien, qui avait été scolarisé avec la victime à l'école primaire. Coumba Touré, chargée d'accueil de 34 ans, sort d'un commerce du quartier de la Basilique accompagnée de sa fille Mariata, 12 ans, camarade de collège de Sedan.

"C'est choquant, elle a appris ça ce matin et n'a pas voulu aller au collège à cause de ça, elle a refait une crise d'angoisse", témoigne la mère de quatre enfants.

"Je sais que les rixes ça existe et vraiment, je suis inquiète chaque jour. C'est pour ça qu'on part de Saint-Denis, je ne me vois pas éduquer mes enfants ici", ajoute-t-elle, évoquant un déménagement imminent pour la Normandie.

"Mourir à 14 ans ne peut pas être une fatalité, c'est un drame insupportable", a réagi sur X (ex-Twitter) le président du département de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel.

"Nous devons agir ensemble pour mettre fin à ces spirales de violence".
La rédaction avec AFP