RMC
Faits divers

Mort d'un homme de 55 ans par balle perdue à Dijon: 6 suspects présentés devant le juge

Victime "collatérale" d'un point de deal, un homme tué "dans son lit" à Dijon

Victime "collatérale" d'un point de deal, un homme tué "dans son lit" à Dijon - Alfred Aurenche

L'enquête sur la mort d'un père de famille, tué d'une balle perdue pendant des tirs en rafales sur un point de deal de Dijon a débouché lundi 4 décembre 2023 sur la présentation de six suspects aux juges d'instruction, en vue d'éventuelles mises en examen.

Les six, un mineur et des "jeunes majeurs", "ne sont pas ou peu connus" de la justice. Il ne s'agit pas de "délinquants récidivistes chevronnés", a dit le procureur de la République à Dijon Olivier Caracotch au cours de la conférence de presse consacrée au drame survenu fin novembre dans un quartier sensible de Dijon.

Les mis en cause ont été entendus en garde à vue, jusqu'à "près de 96 heures" dans le cadre d'une information judiciaire ouverte notamment pour "meurtre en bande organisée" et "association de malfaiteurs", selon le procureur.

"Tous ont globalement contesté toute participation aux faits", a-t-il dit.

Un père de famille de 55 ans est décédé

Certains des gardés à vue ont "refusé de communiquer les codes de leur téléphone pour ne pas que les services de police y aient accès", ce qui peut engendrer des poursuites spécifiques, a-t-il dit.

Deux juges d'instruction devaient décider "jusque tard dans la nuit" de lundi à mardi de leur éventuelle mise en examen, a-t-il précisé. Le parquet a requis le placement en détention de quatre d'entre eux, estimant qu'un contrôle judiciaire était suffisant pour deux autres.

Dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 novembre, des tirs à l'arme de guerre, ont visés en rafale un point de deal localisé au pied d'un immeuble du quartier sensible de Stalingrad, dans l'est de Dijon, connu pour des violences liées au trafic de drogue.

Un père de famille de 55 ans, qui dormait dans son appartement situé juste au-dessus du point de deal, était tué dans son lit, vraisemblablement par une balle perdue ayant ricoché. L'homme se trouvait chez lui avec son épouse et ses deux enfants, tous réfugiés du Kosovo et arrivés en France il y a 14 ans.

Une soixantaine de douilles avaient été retrouvées sur place après les tirs. Le père de famille, inconnu de la justice et de la police, est une "victime bien dramatique et bien malheureuse qui n'a été touchée que par le fait qu'il habitait immédiatement au-dessus" de ce point de deal, avait souligné le procureur le jour des faits.

"Il est quasiment acquis que c'est le hall d'immeuble qui était visé par les tirs et certainement pas cet homme", a insisté le procureur, lundi.

Point de deal "connu"

Peu après les faits, la voiture des tireurs présumés - un véhicule volé - avait été retrouvée, permettant de faire le lien avec un autre véhicule, une Volkswagen Polo, qui a pu être intercepté jeudi à la frontière avec l'Espagne, avec ses deux occupants.

Le propriétaire de cette Polo a été placé en garde à vue, tout comme une autre personne qui avait utilisé le véhicule avant la fusillade, selon le procureur.

La surveillance de cette Polo a également permis de localiser un appartement où était interpellée une cinquième personne, avec saisie de plus de 20.000 euros en espèces. Ce logement servait probablement de "base arrière" aux suspects, selon le procureur.

Enfin, une sixième garde à vue était effectuée: celle d'un mineur qui a reconnu avoir volé le véhicule utilisé par les tireurs, celui retrouvé après les faits. Il assure cependant l'avoir subtilisé pour le compte d'un tiers, sans savoir qu'il allait servir à des rafales de tirs.

Le point de deal visé était "connu" et la résidence HLM où s'est déroulé le drame avait déjà été le théâtre de violences le 25 août 2019, quand une rafale de coups de feu avait visé un groupe de jeunes qui avaient pris pour habitude de passer la nuit dans le quartier pour y faire la fête.

Une vingtaine de douilles pouvant servir à charger une arme automatique de type Kalachnikov avaient été retrouvées sur place.

CA avec AFP