Paul, victime d’une agression homophobe à Mazamet, témoigne: "Elles leur ont dit que j’étais gay"

Trois mineurs (de 14 et 15 ans) ont été placés sous contrôle judiciaire ce lundi après l'agression d'un jeune homme de 17 ans samedi à Mazamet, dans le Tarn. Paul, la victime, a été pris à partie par une dizaine de jeunes qui l’ont roué de coups après avoir appris son homosexualité. Le nouveau secrétaire d'Etat chargé notamment de la lutte contre les discriminations, Othman Nasrou, a dénoncé une "agression homophobe honteuse" et apporté son soutien à la victime. Une amie du jeune homme qui a tenté de s'interposer a aussi été victime de violences. Selon l'avocat de deux des trois jeunes poursuivis, "ils nient le caractère homophobe de l'agression". Mais selon la procureure, "il y a suffisamment d'éléments pour établir ce caractère homophobe de l'agression".
Paul, l’adolescent de 17 ans agressé, témoigne ce mardi sur RMC et raconte la scène. Ce sont d’abord plusieurs filles qui l’ont approché, alors qu’il était avec une amie. "C’étaient les cousines d’une connaissance d’Emma. J’ai dit que ce n’était pas possible qu’on soit ensemble parce que je n’aime pas les filles et que je suis gay. Je n’aurais pas imaginé une seule seconde que ça finisse comme ça. L’une se met à me répondre: ‘Non, ce n’est pas possible, je ne peux passer l’après-midi avec ça’. Elle a parlé de moi comme d’un objet."
Des insultes et des coups
"Après, elles se remettent à parler ensemble, poursuit Paul dans Apolline Matin. Emma me dit de ne pas porter attention à ça. Ça m’est déjà arrivé de recevoir des propos homophobes. Je pensais que c’était juste un propos de plus et que ça n’irait pas plus loin. Au début, je ne m’attendais pas du tout à me faire agresser. Les cousines de l’amie d’Emma ont reconnu des membres du groupe qui m’a ensuite agressé. Elles sont allées avec eux. Apparemment, c’était de la famille. Elles leur ont dit directement que j’étais gay."
La situation va ensuite dégénérer. "Il y en a trois qui ont commencé à me tourner autour, à s’intéresser à mon téléphone, explique Paul. Du coup, je l’ai rangé dans ma poche, j’ai suivi les conseils d’Emma. Après, elle a vu que les tensions commençaient à monter, qu’ils me tournaient autour de plus en plus. Elle leur a dit qu’il fallait qu’elle me raccompagne à la gare de Mazamet pour que je prenne le train pour rentrer chez moi. Après avoir fait une cinquantaine de mètres, je me retourne et je les vois arriver en gueulant des insultes comme ‘sale PD’, des trucs comme ça."
Un passant a sauvé Paul et son amie
Paul et Emma sont alors touchés par de nombreux coups. "Emma a fait le maximum pour me défendre. Elle m’a pris dans ses bras et ils ont osé la frapper aussi. Je me demande comme des jeunes de 13 ans arrivent à faire ça." C’est finalement grâce à l’intervention d’un homme qui passait par hasard que l’agression cesse. "Ce passant, je souhaiterais le remercier. Sans lui, je ne serais peut-être pas rentré chez moi", confie Paul.
Et à l’hôpital, nouvelle frayeur. "Une fille est venue à l’hôpital pour soutirer des informations à Emma, quand ma mère et sa grand-mère étaient dehors, raconte Paul. Elle s’est fait passer pour une gentille. Elle s’est éloignée un peu et mon frère a entendu qu’elle faisait un rapport au téléphone, qu’elle disait qu’on allait porter plainte. Après, il y a un membre du personnel de l’hôpital qui a entendu qu’elle leur avait demandé de venir nous attendre à la sortie."
Les jeunes qui ont été interpellés sont déjà connus des pour des vols ou des agressions commis dans la ville. "Je suis très en colère face à cette agression ignoble, explique Olivier Fabre, maire de Mazamet, sur RMC. Quand vous regardez les éléments, vous vous rendez compte que vous avez affaire à des mineurs, pour beaucoup, qui sont issus des quatre ou cinq familles qui nous créent du trouble quotidiennement, notamment sur le parc où a eu lieu cette agression. Au quotidien, ce sont des dégradations, des insultes, des agressions verbales, de la saleté… On identifie que ces auteurs présumés sont issus de familles bien connus qui vivent essentiellement de petits trafics et d’allocations sociales, et qui ne respectent rien ni personne."