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"Tout le monde veut partir": depuis la mort de Socayna, la cité Saint-Thys vit dans l'angoisse

Dimanche dernier, Socayna, une jeune femme de 24 ans, a été touchée mortellement par une rafale de kalachnikov tirée à l'aveugle, chez elle, dans le 10ᵉ arrondissement de Marseille. Quelques jours après le drame, le quartier reste traumatisé.

Trois jours après le tir de kalachnikov qui a tué la jeune Socayna, 24 ans, qui révisait dans sa chambre dans une cité du 10e arrondissement à Marseille, l’émotion reste vive. Depuis le drame, de nombreuses habitudes ont changé chez les habitants du quartier, qui continuent d'accuser le coup.

Symbole du traumatisme qui touche les habitants, Lila craint aujourd’hui pour la vie de son fils. Sa chambre donne sur la rue, où les tirs ont eu lieu.

“Mon fils, il ne dort plus dans sa chambre depuis qu’il y a eu ça. Tant que le problème n’est pas résolu, il dort dans mon lit et moi, je dors sur mon divan. J’en suis là…”, se désole-t-elle.

Un quotidien chamboulé, pour elle comme pour son enfant, qui garde de nombreuses séquelles. “Il est très stressé, angoissé, il fait des crises d’angoisses. Est-ce que c’est normal? Même dans nos foyers, on va vivre dans la peur?”, questionne la maman. “Non, on ne peut pas, on ne peut pas vivre comme ça”, conclut-elle.

"Dès qu’il y a un bruit, on se dit: ça y est, ça va recommencer"

Pour rassurer et informer les habitants, une équipe de médiateurs a été envoyée en urgence. Mais il reste difficile d’effacer le souvenir de cette nuit-là. “Depuis, je psychote, je me retourne dès qu’il y a des scooters”, témoigne anonymement une habitante du quartier.

“On a peur, on ne va même plus au balcon”, “dès qu’il y a un bruit, on se dit: ça y est, ça va recommencer”, racontent d’autres.

Alors, dans la crainte d’une nouvelle fusillade, nombreux sont les habitants à vouloir déménager. “On aimerait bien. Si on avait 2.000 euros de retraite… Tout le monde veut partir”, relate une voisine. En attendant de pouvoir le faire, cette dernière réclame des bâtiments rénovés: elle ne comprend toujours pas comment une balle a pu traverser le mur d’un appartement.

Matthieu Limongi avec Charline Andrieux