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Viol filmé en pleine rue à "StalinCrack": "C'est intenable, on ne peut pas vivre en ayant peur de tout le monde autour de soi"

Les habitants du quartier de Stalingrad, un quartier miné par la consommation de crack, ont permis l’arrestation d'un violeur présumé, filmé en train d'agresser une femme.

Jamais cette habitante du nord de Paris ne pensait un jour voir un tel drame sous ses fenêtres: "J'étais sidérée, je me suis dit que ce n'était pas possible", raconte-t-elle à RMC. Comme chaque soir, cette riveraine du quartier Stalingrad, filme à sa fenêtre. Elle filme pour alerter sur les nuisances et violences répétées des fumeurs de crack.

Mais dans la nuit de vendredi à samedi, en pleine rue, sous la lumière des lampadaires, il s'agit d'un viol: "Jamais je n'aurai imaginé ça, jamais. Il faut que ça s'arrête, c'est trop dur. J'ai peur, si on ne fait rien cela va continuer et recommencer. Moi, je ne veux pas quitter mon quartier, je l'aime mon quartier".

Sa voisine Déborah appelle aussitôt la police. L'individu est interpellé et placé en garde à vue. Il a été déféré dimanche soir et présenté à un juge. Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour viol en état d'ivresse et trafic de stupéfiants. La victime a été hospitalisée. Selon une source policière, ils seraient tous deux toxicomanes.

Deux jours plus tard, Déborah est toujours sous le choc: "C'est intenable, je l'ai très mal vécu. Je ne suis pas habituée à vivre cette violence et ce n'est pas une vie. On ne peut pas vivre en ayant peur de tout le monde autour de soi".

Elle n'a qu'une seule volonté: retrouver une vie paisible dans son quartier.

"Dans la rue il y a une bibliothèque ici, des commerçants. C'est un endroit où il fait bon vivre. Vous traversez la rue, il y a les quais du canal de la Villette. Il faut des messages forts pour sortir de cette misère intellectuelle et sociale. Il n'y a pas de fatalité".

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"On ne peut pas envoyer la police tous les jours, il faut envoyer des médecins"

Des solutions durables, voilà ce que demandent les riverains comme Frédéric du Collectif 19, une association d'habitants: "Il y a deux choses à faire. Un, interpeller ceux qui vendent de la drogue, ils distribuent de la mort. Ensuite les toxicomanes eux-mêmes, il faut les encadrer et les soigner dans une structure fermée où ils sont vraiment encadrés".

Il y une semaine, les autorités avait regroupé les fumeurs de cracks dans les jardins d'Eole, un parc à quelques rues de la place Stalingrad. Une décision qui ne satisfait pas les riverains, et qui, selon eux, ne fait que déplacer le problème: 

"Il y a peut-être moins de rassemblement mais ils sont éparpillés. Il faut sanctuariser Stalingrad. Cela a toujours été le crack pendant 4 ans", assure sur RMC Patricia, une autre habitante du quartier.

"Les choses n'avancent pas dans le bon sens, elles s'aggravent même", assure ce lundi matin sur RMC Pierre Liscia, porte-parole de "Libres!" habitant et ancien élu du quartier. "Depuis 3 ans on ne fait que déplacer le problème sans jamais tenter de le résoudre", ajoute-t-il, déplorant l'inexistence d'un système de prise en charge: 

"Il n'y a pas de structure d'accueil, de prise en charge sanitaire. Il y a un hébergement d'urgence mais qui n'est pas médicalisé et adapté. Face à l'addiction et la toxicomanie de rue, on ne peut pas envoyer la police tous les jours. Il faut une prise en charge, il faut envoyer des médecins et lutter sans merci contre les dealers. Il faut un minimum de courage et de volonté politique", plaide-t-il.

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Maxime Levy et Juliette Pietraszewski (avec G.D.)