Féminicide à Mérignac: "Notre société n’a pas pris conscience de la dangerosité des hommes violents", déplore Ernestine Ronai
Chahinez, 31 ans, mère de trois enfants, est morte mardi à Mérignac, près de Bordeaux, après avoir été brûlée vive par un mari violent. Mardi, vers 18H10, en pleine rue, Mounir B, 44 ans, déjà emprisonné pour violences conjugales en 2020, a poursuivi sa femme. Il a tiré plusieurs coups de feu dans ses jambes jusqu'à ce qu'elle s'effondre, l'a aspergée d'un liquide inflammable alors qu'elle était encore en vie et l'a immolée par le feu, selon le parquet de Bordeaux et la police. L'homme a été interpellé environ une demi-heure plus tard non loin et placé en garde à vue.
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Pour Ernestine Ronai, de l’Observatoire des violences envers les femmes 93, ce nouveau féminicide montre bien les dysfonctionnements qui existent dans le suivi des hommes violents.
“Je pense que la première chose, c’est que notre société n’a pas encore suffisamment pris conscience de la dangerosité des hommes violents. Il avait une interdiction de rentrer en contact, mais comment cette interdiction était-elle vérifiée? S’il entrait en contact, comme il avait un sursis, ça aurait dû être retour à la case prison. Il avait des armes. La logique serait qu’on retire les armes aux hommes violents, c’est d’ailleurs une des directives du ministère de l’Intérieur, ça n’a pas été fait. Il avait déjà fait une tentative d’homicide en tentant de l’étrangler. Cette femme aurait donc du avoir un téléphone “grave danger”, là non plus ça n’a pas été fait. Donc on voit qu’on n'a pas pris au sérieux toutes ces alertes et c’est là qu’on voit qu’il y a un véritable dysfonctionnement qu’il faut réparer”, explique-t-elle ce jeudi au micro de RMC.
Des moyens trop peu mis en oeuvre?
Le 25 juin 2020 à Bordeaux, l’homme avait été condamné à 18 mois de prison dont 9 mois avec sursis et mandat de dépôt à l'audience pour "violences volontaires par conjoint" en récidive, sur la même victime, selon le parquet. Il "avait obtenu à compter du 5 octobre" une mesure de placement extérieur spécifique pour les auteurs de violences conjugales. Libéré le 9 décembre 2020, "il était depuis suivi par le service pénitentiaire d'insertion et de probation de la Gironde".
“J’appelle aujourd’hui à ce que les moyens qui existent soient réellement mis en œuvre. Il faut qu’on arrive à penser qu’un homme violent est un homme imprévisible, on ne sait pas quand il va passer à l’acte, mais il va le faire. Notre société ne doit pas être prête à ce qu’une centaine de femmes soient tuées. Il faut que ce soit un véritable refus”, appuie Ernestine Ronai.
Elle ajoute également que l'émission après coup ne suffit plus. “Il faut penser les choses pour éviter qu’il y en ait d’autres”, ajoute-t-elle.