RMC
Police-Justice

Féminicide de Mérignac: une peine "qui tient compte de la personnalité" de l'ex-mari

Une pancarte "Chahinez, on ne t'oublie pas" lors d'une manifestation organisée par des associations féministes en marge du procès de Mounir Boutaa, mari de Chahinez Daoud, devant le tribunal de Bordeaux, le 24 mars 2025

Une pancarte "Chahinez, on ne t'oublie pas" lors d'une manifestation organisée par des associations féministes en marge du procès de Mounir Boutaa, mari de Chahinez Daoud, devant le tribunal de Bordeaux, le 24 mars 2025 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

Ce vendredi 28 mars, Mounir Boutaa a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir tiré sur son épouse, Chahinez Daoud, et l'avoir brûlée vive, en 2021. L'avocat des proches de cette dernière décrit un soulagement.

Mounir Boutaa, ex-conjoint de Chahinez Daoud, brûlée vive à Mérignac en mai 2021, a été condamné ce vendredi 28 mars à la réclusion criminelle à perpétuité. La cour d'Assises de Gironde a assorti sa peine à une période de sûreté de 22 ans.

Le maçon franco-algérien, âgé de 48 ans a été reconnu coupable d'avoir tiré sur sa femme, âgée de 31 ans, puis de l'avoir brûlée vive le 4 mai 2021.

Il a maintenu à la barre qu'il voulait "lui faire la peur de sa vie" sans la tuer, convaincu qu'elle lui était infidèle, ce qu'aucun élément de l'enquête n'a confirmé.

Chahinez Daoud, mère de trois enfants dont deux issus d'une première union, "vivait dans la peur" et se savait condamnée, ont témoigné plusieurs de ses amies.

L'ancienne épouse de Mounir Boutaa a également raconté à la cour avoir subi "gifles, coups de pieds, insultes" et une emprise similaire.

Une peine à la hauteur de la gravité des faits

Digne jusqu'au bout, la famille de Chahinez Daoud est restée stoïque lors de l'annonce de la condamnation de Mounir Boutaa. Cette peine est un immense soulagement, d'après leur avocat Maître Julien Plouton.

"C'est un moment important pour eux et ils espèrent pouvoir se tourner vers l'avenir", affirme-t-il au micro de RMC.

"Je dirais que c'est une peine, à mon sens, qui incombe de la gravité des faits et qui manifestement tient compte de la personnalité de l'accusé", ajoute l'avocat.

Après avoir dénoncé une association de malfaiteurs contre lui pendant les cinq jours du procès, Mounir Boutaa a fini par demander pardon lors de sa dernière prise de parole.

Une sanction "lourde" pour l'avocate du condamné

Malgré la prise en compte de l'altération du discernement au moment des faits, les jurés ont écarté la possibilité d'une diminution de peine. Une erreur pour son avocate.

"Cette sanction est extrêmement lourde dans la mesure où ça signifie qu'il n'a quasiment aucun espoir de sortir un jour de détention", explique Maître Anaïs Divot. "On peut se poser la question du sens de cette peine pour une personne qui souffre de troubles psychiatriques en réalité", ajoute-t-elle.

Les avocats de Mounir Boutaa disposent désormais de 10 jours pour faire appel de cette condamnation.

Le 4 mai 2021, l'homme avait tiré au fusil dans les jambes de Chahinez Daoud, avant de l'asperger d'essence et de mettre le feu. Il avait passé plusieurs heures caché dans un fourgon pour épier sa victime, avec laquelle il était marié depuis 2015, avant de passer à l'acte.

Un mois et demi avant sa mort, Chahinez Daoud avait déposé une nouvelle plainte contre Mounir Boutaa qu'elle cherchait à quitter. Mais celle-ci fut mal enregistrée par un policier qui venait lui-même d'être condamné pour violences conjugales, parmi une série de "défaillances" pointées ultérieurement par une enquête administrative.

Pierre Bourgès avec Mélanie Hennebique