"Groupe AZF": le mystérieux couple qui voulait faire sauter des lignes SNCF est jugé 20 ans après

Un curieux couple de terroristes va être jugé à partir de ce mardi à Paris. Ou plutôt l’histoire d’un homme et d’une femme que l’on a pris pour des terroristes mais qui étaient plutôt des zozos... Les faits datent d’il y a 20 ans exactement. Un groupuscule menaçait de faire exploser des bombes sur le réseau de la SNCF si l’Etat ne leur versait pas une rançon de plusieurs millions d'euros. Le groupe s’appelait AZF, comme l’usine qui avait explosé trois ans avant à Toulouse. Il se disait issu d’une confrérie laïque, éthique et politique.
Neuf lettres avaient été envoyées aux autorités, et le dialogue pour la remise de rançon se faisait à travers des petites annonces publiées dans le journal Libération. Les maîtres chanteurs signaient leur message “Mon gros loup”, et le ministère de l’Interieur répondait en signant “Suzy”. Il était prévu que la rançon soit larguée par hélicoptère.
La menace avait été prise très au sérieux par le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, parce que deux bombes assez élaborées avaient été retrouvées le long des voies de chemin de fer. Une en Haute-Vienne sur la ligne Paris-Limoges-Toulouse, l'autre dans l'Aube sur la ligne Paris-Troyes-Bâle. Le lendemain de la découverte de la seconde bombe, AZF avait finalement tout arrêté en écrivant une dernière lettre pour dire: "Sans rancune et à bientôt".
Dénoncés 14 ans après
Pendant 14 ans, cette affaire est restée un mystère. Jusqu’en 2017 et l’arrestation d’un chef d’entreprise de 56 ans et d’une de ses employés. C’est l’ex-amant de cette employée qui a été éconduit et qui les a dénoncés pour se venger.
Le chef d’entreprise a rapidement reconnu les faits. Il a affirmé qu’il n'avait jamais envisagé de faire exploser une bombe ou de terroriser la France. Il voulait juste de l’argent pour financer des recherches sur une énergie propre et illimitée, produite à partir de l’eau. Autrement dit, à l’entendre, il etait une sorte d’humaniste écologiste.
Son ancienne employée affirme qu’ils étaient surtout deux personnes "ordinaires". Six ans après leur arrestation, ils comparaissent libres, jusqu'à vendredi, devant le tribunal correctionnel à Paris. L'ex-chef d'entreprise, Michel D., a aujourd’hui 76 ans, et son ancienne employée, Perrine R., 61 ans.