Guet-apens tendus aux policiers dans des quartiers: Certains utilisent de l'acide pour blesser, mutiler ou tuer
Les policiers au coeur de l'action. Et souvent pris à partie. Alors que l'émotion n'est toujours pas retombée dans les rangs des forces de l'ordre, deux semaines après le meurtre du brigadier Eric Masson à Avignon, des milliers de policiers doivent se rassembler mercredi devant l'Assemblée nationale à l'appel des syndicats, qui veulent plus de sévérité pour les "agresseurs des forces de l'ordre".
L'ensemble des syndicats ont appelé les "citoyens" à venir les "soutenir" lors du rassemblement prévu de 13h et 15h. Alors que la sécurité est devenue un thème de campagne à quelques semaines des régionales et à un an de la présidentielle, un large spectre d'élus devraient être présent, des Républicains au Rassemblement national, en passant par le Parti socialiste et le Parti Communiste (PCF). Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a d'ailleurs confirmé lundi sa présence à la manifestation, lors d'un déplacement dans l'Eure.
Cette nuit, des violences urbaines ont éclaté dans une cité à Argenteuil, dans le Val-d'Oise, où des voitures ont été incendiées et des tirs de mortiers d'artifice ont visé les forces de l'ordre, sans faire de blessé.
Sur RMC, Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat de police Synergie Officiers a confié que ce genre d'évènements est " devenu légion".
"Ca s'ajoute à la longue litanie des faits-divers et des agressions de policiers. Vous en avez maintenant sur l'intégralité du territoire. Tendre des guet-apens, très souvent pour les pompiers aussi, c'est devenu légion. Ils passent deux-trois heures à s'en prendre aux policiers et puis ils rentrent chez eux.
On a aujourd'hui pléthore de vidéos qui le montrent: ce sont de vrais guet-apens, on nous attend, on essaie ensuite de bloquer les véhicules. Vous avez tout un tas de gens qui vous tombent dessus, comme les Indiens tombent sur les cowboys. Sauf que là, ce n'est pas un film.
Et puis, ils utilisent de plus en plus d'acide, de produits inflammables. Certains de mes collègues en sont victimes, comme dans certaines manifestations. On a de plus en plus des choses faites pour blesser, mutiler ou tuer les policiers" a-t-il dénoncé.
En 2019, 11.217 policiers et gendarmes ont été blessés en mission contre 9.961 en 2017, selon le ministère de l'Intérieur. Des chiffres qui ne détaillent pas le nombre de blessures causées par une agression ou par un accident et qui courent sur la période des manifestations "gilets jaunes". En 2020, année considérée comme particulière en raison des confinements, 8.719 policiers ont été blessés en mission.
Après Avignon, le gouvernement a rapidement donné des gages aux syndicats, reçus le 10 mai à Matignon. Le Premier ministre Jean Castex s'est notamment engagé à étendre à trente ans la période de sûreté pour les personnes condamnées à perpétuité pour un crime contre un policier ou un gendarme. Et à limiter strictement les possibilités de réduction des peines pour ceux qui s'attaquent aux forces de l'ordre. Mais les syndicats déplorent que leur "revendication la plus importante", "la mise en oeuvre de peines minimales pour les agresseurs des forces de l'ordre", n'ait pas été "prise en compte".