Harcèlement sexuel en politique: "Personne n'est intouchable" prévient Delphine Batho

Delphine Batho veut en finir avec le harcèlement sexuel en politique. Les accusations par des membres du parti EELV sur des faits de harcèlement et d'agressions sexuelles attribués à Denis Baupin ont commencé à libérer la parole. Mardi, la députée Delphine Batho a appelé Michel Sapin à s'expliquer à son tour sur un geste déplacé qu'il aurait eu à l'encontre d'une journaliste en 2015.
Ce geste, avait fait l'objet d'une tribune signée par quarante femmes journalistes dans Libération. Après avoir dénoncé une "calomnie" et des faits inexacts, Michel Sapin a fini par s'expliquer mardi dans un communiqué de presse. "Il a fait hier soir ce que je demandais, c'est-à-dire reconnu les faits et dit quelque chose qui s'approche de la vérité", se satisfait Delphine Batho. Dans son communiqué, Michel Sapin s'explique donc et présente son mea culpa.
"Lors d'un déplacement en janvier 2015 à Davos, au milieu d'une vingtaine de personnes, j'ai fait à une journaliste une remarque sur sa tenue vestimentaire en posant ma main sur son dos. Il n'y avait dans mon attitude aucune volonté agressive ou sexiste, mais le seul fait d'avoir choqué la personne en question démontre que ces paroles et ce geste étaient inappropriés, et j'en ai été et en suis encore désolé", affirme le ministre.
"L'Assemblée nationale doit être à l'avant-garde"
Delphine Batho souhaite désormais "faire le grand ménage" sur ce type de comportement.
"Personne n'est intouchable. Ce n'est pas parce qu'on est ministre de la République qu'on est à l'abri de devoir s'expliquer et présenter des excuses quand il y a un comportement inapproprié, d'autant que ce type de comportement est assez récurrent", dénonce l'ancienne ministre de l'Ecologie.
Pour elle, ces attitudes déplacées sont favorisées par un "climat, une ambiance générale dans laquelle c'est toléré". Mais alors que "les femmes sont majoritaires dans la société", le harcèlement sexuel doit cesser et d'autant plus en politique, insiste la députée. "L'Assemblée nationale doit être le lieu de la démocratie et doit être à l'avant-garde de la lutte contre ces comportements", plaide-t-elle. Après la démission de Denis Baupin de son poste de vice-président de l'Assemblée nationale, elle réclame qu'il abandonne également son mandat de député.
"Les plus hautes autorités de l'Etat ont demandé la démission de députés qui étaient mis en cause pour fraude fiscale, ça a été le cas pour indélicatesse fiscale pour M. Thévenoud. Et le harcèlement d'une femme ce serait moins grave, on pourrait rester député? Il suffirait de démissionner de la vice-présidence de l'Assemblée nationale? Ce n'est pas acceptable", poursuit l'élue.
Pour Delphine Batho, désormais "la peur doit changer de camp", "ceux qui sont à l'origine de ces comportements inappropriés doivent avoir peur du fait que ce soit révélé".