"À force de voir que rien ne bouge...": AlertesPedo traque les pédocriminels contre l'avis de la police

La pédocriminalité est de plus en plus traquée en ligne... par des citoyens, via des collectifs et/ou associations. Le mois dernier, les membres du collectif en ligne baptisé "Alertespedo" ont justement traqué un pédocriminel et ont alerté la police, une affaire grandement médiatisée.
L'homme en question était un babysitter agé de 28 ans soupçonné de viol sur des enfants dont il avait la garde. Deux membres de ce collectif ont accepté de témoigner, anonymement et cagoulés, auprès de RMC. L'affaire débute sur le site Bounty, très utilisé par les jeunes et les pédocriminels.
"On a reçu un message d'un monsieur qui disait qu'il aimait les jeunes enfants. Il s'est confié à nous, il a avoué qu'il était baby-sitter et qu'il avait déjà fait des choses avec des jeunes enfants. On a basculé sur la messagerie Telegram pour qu'il nous envoie des vidéos", explique le premier qui utilise comme pseudo WPMP.
Ils gardent alors les vidéos à connotation pédopornographique et montent un dossier et adressent un signalement au procureur de la République. En 72h, l’homme est arrêté, mis en examen pour au moins quatre faits de viols sur des enfants et placé en détention provisoire. Une procédure très rapide, ce qui n’est pas toujours le cas.
70 bénévoles qui veulent aider la police
Qui sont les membres de cette association ? Quelle est leur motivation? C’est un collectif qui prend de plus en plus d’ampleur. Ils sont 70 bénévoles dans toute la France et ils ont tous des raisons différentes.
"Quand j'étais plus jeune, c'est arrivé à une amie à moi. Quand tu es à l'intérieur de cette histoire et que tu le vois de tes propres yeux... À force de voir que rien ne bouge, finalement ça donne envie de se lancer et d'agir avant que cela ne devienne banal", explique le second, avec comme pseudo Nox.
Pour rentrer, aucune compétence n’est requise. Il faut seulement être majeur et avoir un ordinateur. Tous expliquent traquer les pédocriminels en ligne pour aider les forces de l’ordre.
"Ils nuisent à l'efficacité des enquêtes et produisent des preuves non-recevables", souligne l'Office mineurs
Les autorités ne voient pour autant pas d'un bon oeil ces initiatives citoyennes. "Ces citoyens, de par leurs actions, sont suspectibles d'alerter les suspects sur les enquêtes, de mettre en danger les victimes, de nuire à l'efficacité des enquêtes qui sont menées par policiers et gendarmes et in fine, de produire des preuves - quand ils en produisent - qui ne sont pas recevables", explique auprès de RMC Aurélie Besançon, cheffe de l'Office mineurs (OFMIN), service d’enquête chargé de diligenter des procédures judiciaires, notamment sur les profils des pédocriminels les plus à risque.
"Très souvent, ces collectifs agissent en créant de faux profils de mineurs sur internet, ce qui constitue une infraction", fait-elle valoir.
La police conseille... de passer les concours
Les membres d’AlertesPedo assurent toutefois qu’ils ne contactent jamais les familles des victimes présumées eux-mêmes et laissent ça aux services de police. L’Office Mineurs insiste : si tout un chacun souhaite traquer les pédocriminels, les bras sont plus que les bienvenus à la police judiciaire... Il suffit de passer les concours !