"Ils n’ont plus peur de la justice": la délinquance en forte augmentation dans les départements ruraux

Selon un bilan de la sécurité publique en zone police, les atteintes volontaires à l’intégrité des personnes ont augmenté de 7,39% en 2023. Les coups et blessures, les violences intrafamiliales, les violences sexuelles et les vols violents sans arme entrent dans cette catégorie. Ce qui interpelle, c'est que les départements jusqu'ici épargnés voient leur niveau de délinquance augmenter. C'est le cas dans le Loir-et-Cher où l'augmentation a atteint les 39,5 %.
Dans certains quartiers de Blois, les habitants impuissants assistent à une banalisation de la violence. “C’est des insultes, des gros mots, des menaces. Ça devient pénible”, témoigne une habitante. “Quand j’ai des amis qui me le racontent et qui me disent qu’ils se sont fait voler ou taper, ça me fait un peu peur”, confie un jeune homme.
Pour expliquer cette hausse importante des violences volontaires sur les personnes dans des départements d''habitude tranquilles, Yoann Leandri, secrétaire zonal adjoint Ouest UNSA Police.
“Le premier facteur, c’est qu’on a des bandes de délinquants qui n’hésitent pas à se déplacer, à faire une heure de route pour agir dans des villes entre guillemets plus tranquilles. Et ensuite, on a aussi des délinquants locaux qui face à une réponse pénale qui n’est pas assez forte n’hésitent pas. Ils n’ont plus peur de la justice”, dénonce-t-il.
Selon Frédéric Ploquin, journaliste spécialiste du grand banditisme, de la police et du trafic de drogue, il y a également une délinquance étrangère qui se répend.
"On a une éclosion d'une petite et moyenne délinquance locale et aussi la présence d'organisations criminelles, basés à l'étranger. Je veux parler des Balkans, de la Géorgie, de pays comme ça. Ils pratiquent des "razzias" dans toute l'Europe et notamment en France où ils sont à la recherche de biens qui se monnaie. Ca peut aller de matériels informatiques installés sur les tracteurs en zone agricole au pot catalytique, en passant par les bijoux...", explique-t-il ce mercredi matin sur RMC.
Quelques départements encore épargnés
Pour endiguer cette dynamique, Philippe Démolin secrétaire régional Occitanie, martèle qu'il faut miser sur l'éducation.
“Dès le collège, dès le lycée, il faut éduquer sur les choses qu’on ne peut pas faire. Et après, il faut sanctionner plus sévèrement et donner les moyens à la police et à la police. Tout ça, ça fait un package”, pointe-t-il.
Et en regardant les chiffres de la police dans le détail, on se rend compte, que ce sont les violences intrafamiliales qui ont le plus augmenté entre 2022 et 2023. Onze départements comme la Manche, le Morbihan ou la Creuse sont épargnés par le phénomène.