Jacques Fesch, guillotiné en 1957, va-t-il être réhabilité par la justice?

L’histoire d’un fils qui se bat pour l’honneur de son père. Son père qui a d’abord été un sale type. Jacques Fesch, âgé d’une vingtaine d'années dans les années 1950, était un fils de bourgeois qui aimait l’argent, les belles voitures, qui arnaquait ses parents et qui rêvait d’un bateau pour faire le tour du monde.
En février 1954, il braque un bureau de change pour s’acheter ce bateau. Le braquage tourne mal, il prend la fuite en ouvrant le feu autour de lui. Plusieurs passants sont blessés et un policier est tué. Un policier qui était veuf et qui laisse une petite orpheline. Jacques Fesch est arrêté juste après, dans le métro. Il est incarcéré, jugé, condamné à mort. Sa grâce est rejetée et il est guillotiné à la prison de la Santé le 1er octobre 1957.
Sauf qu'entre son arrestation et son exécution, il a totalement changé. Il a découvert la foi chrétienne. Il correspond avec un moine, il écrit des textes religieux sous le titre: "Dans 5 heures, je verrai Jésus". Une rédemption spectaculaire qui conduit l'Église catholique a vouloir le béatifier, en faire un saint. Il y a même une école catholique qui porte son nom, l'école Jacques Fesch, dans le Calvados.
Une mesure de "bienveillance"?
Aujourd’hui, son fils se bat pour sa réhabilitation. Gérard Fesch a 69 ans, ce qui veut dire qu’il a été conçu juste avant l’arrestation de son père. Un fils naturel, qui ne l’a pas connu et a découvert son histoire seulement lorsqu’il avait 40 ans. Mais il s’est lancé dans une procédure judiciaire très rare: une demande de rétablissement de l’honneur.
Ce n’est pas une demande de révision, la justice ne doit pas se prononcer sur la culpabilité du condamné mais sur la question de savoir si l’on peut effacer la condamnation en raison de sa bonne conduite. C’est une mesure de "bienveillance" que seule la Cour de cassation peut décider. Elle se réunira ce jeudi 6 juin pour examiner ce cas.
Pour l'accompagner dans son combat, Gérard Fesch avait pris un avocat qui ne pourra pas plaider devant la Cour de cassation. Et pour cause, parce qu’il est devenu ministre. C'était Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice.