Journaliste infiltré dans la police: "Il devra rendre des comptes en tant que policier", défend le syndicat des commissaires
Bavures, faux procès-verbaux, formation express incomplète, manque de moyens... dans son livre "Flic", paru jeudi, Valentin Gendrot, un journaliste, raconte ses deux ans dans la police où il a officié comme adjoint de sécurité (ADS) dans le 19e arrondissement de Paris. Et dans le passage le plus explosif, il raconte avoir assisté à une "bavure" puis avoir rédigé un PV "mensonger", un faux en écriture publique.
Une publication qui a fait bondir dans les rangs de la police. Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a saisi à titre administratif l'Inspection Générale de la Police, réaffirmant "tout son soutien aux policiers qui accomplissent au quotidien leurs missions avec professionnalisme dans des conditions souvent difficiles".
"Ce monsieur n'est pas journaliste quand il parle, c'est un policier. Les deux années où il a assisté à certaines choses en tant qu'adjoint de sécurité, il devra en rendre des comptes en tant que policier", a assuré ce vendredi sur RMC David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la Police nationale (SCPN).
"Il va y avoir une enquête judiciaire et une enquête administrative. J'ai plus confiance en la justice dans cette affaire qu'en l'IGPN puisque monsieur Gendrot est redevenu journaliste et je vois mal comment on va pouvoir établir ce qu'il a fait en tant qu'ADS, en revanche il va falloir voir ce qui a pu dysfonctionner dans la police", ajoute-t-il.
"Ce qui me gêne c’est de crucifier une entité professionnelle"
Mais le syndicaliste s'interroge sur la démarche. Le livre a-t-il été écrit dans une démarche politique, pédagogique ou dans le simple but de salir ? "Je veux bien que l'on accuse des gens mais il va falloir se défendre et ce n'est pas sur les réseaux sociaux ou dans les médias, c'est devant la justice", assure-t-il.
Le journaliste accuse une entité complète. Ce qui me gêne c’est de crucifier une entité professionnelle et le résultat recherché c’est distendre le lien entre police et population", ajoute-t-il.
Si Valentin Gendrot défend les policiers souvent mal formés et exerçant leur métier, handicapés par un manque de moyens criant, il évoque cependant l'utilisation de terme insultants et racistes pour désigner les personnes issues de l'immigration. Il assure ainsi que de nombreux policiers les appellent "les bâtards", un mot apparemment très employé qui revient souvent.
"C’est juste une grossièreté. Ce n’est pas bien la grossièreté mais ce n’est pas une infraction. Quand des policiers parlent de bâtards, ils parlent de délinquants. Ils ne parlent pas des noirs, des arabes des blancs, ou des bleus. Il faut arrêter avec ce procès en racisme permanent dans la police. On sent que des choses sont vécues mais on sent qu'il y a des choses orientées politiquement pour nous faire un procès sur le racisme. Il y a des grossièretés et des comportements pas toujours très chics mais il ne faut pas faire des policiers des racistes perpétuels", conclu-t-il.