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L'avocat de Tariq Ramadan sur RMC: "Je ne dis pas qu'il est innocent, je dis que les parties civiles mentent"

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La cour d'appel de Paris a confirmé mardi le rejet de la demande de remise en liberté de l'intellectuel musulman Tariq Ramadan, accusé de viols par quatre femmes et incarcéré depuis début février. Emmanuel Marsigny, avocat de Tariq Ramadan était l'invité de Jean-Jacques Bourdin, ce mercredi matin.

Tariq Ramadan obtiendra-t-il de pouvoir sortir de prison? Après avoir examiné mardi matin la demande de remise en liberté de l'intellectuel théologien musulman, accusé de viols par quatre femmes et incarcéré depuis début février, la cour d'appel de Paris en a finalement confirmé le rejet

Au cours de l'audience devant la chambre de l'instruction, en l'absence de l'islamologue suisse de 55 ans, sa défense avait de nouveau invoqué mardi matin son état de santé et dénoncé des "contradictions" dans le récit des plaignantes.

Son avocat, Me Emmanuel Marsigny, était l'invité de RMC, mercredi matin. Face à Jean-Jacques Bourdin, le juriste a affirmé que "l'institution judiciaire fait preuve d'un certain autisme" envers Tariq Ramadan.

"Il ne bénéficie pas d'un traitement équitable. Il n'y a aucune raison pour qu'il soit en détention provisoire. Nous avons proposé une assignation à résidence" a-t-il expliqué. Une caution, une assignation à résidence et la remise du passeport suisse an ont été également proposé à la cour, sans parvenir à faire changer la décision prise le 4 mai par le juge des libertés et de la détention.

"Tout lui est refusé, même l'accès à son dossier"

"Un procès d'intention lui est fait" a dénoncé Me Emmanuel Marsigny. Rappellant que "Son état de santé se dégrade, il souffre d'incontinence urinaire: il est handicapé. Tout lui est refusé, même l'accès à son dossier".

L'islamologue, atteint d'une sclérose en plaques dont le traitement a été jugé compatible avec la détention par une expertise, est écroué depuis sa mise en examen le 2 février pour deux viols présumés, dont l'un sur une personne vulnérable, qu'il conteste vigoureusement. L'avocat général a insisté sur la nécessité de garantir la présence de Tariq Ramadan en France, d'éviter d'éventuelles pressions sur les accusatrices et de prévenir le renouvellement des faits. Et, ce, alors que toutes les plaignantes n'ont pas encore été entendues et que des confrontations sont envisageables.

"La justice perd la raison, je regrette qu'elle se laisse emporter par une empathie vis-à-vis des victimes" a plaidé Me Marsigny. "La question n'est pas savoir ce qu'elles disent, mais s'il y a des éléments derrière les accusations". Et de conclure: "Je ne dis pas qu'il est innocent, je dis que les parties civiles mentent".

L'enquête a été déclenchée en octobre par les plaintes de deux femmes, dans le sillage du scandale Weinstein aux Etats-Unis. Elles ont été rejointes en mars par une troisième. Cette dernière a affirmé avoir été violée en France, à Londres et à Bruxelles à neuf reprises entre 2013 et 2014. Cette ancienne escort-girl, protagoniste au côté notamment de l'ex-directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn dans l'affaire pour proxénétisme de l'hôtel Carlton de Lille, doit être bientôt auditionnée par les juges français. L'audition prévue le 5 juin de Tariq Ramadan - la première depuis sa garde à vue - pourrait conduire à une nouvelle mise en examen pour ces faits.

Jean-Jacques Bourdin et X.A