La juge qui a condamné Nicolas Sarkozy menacée: "On s'en prend à l'État de droit et à la démocratie"

Le parquet de Paris a ouvert vendredi deux enquêtes à la suite de "messages menaçants" visant la présidente du tribunal correctionnel qui a condamné jeudi Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison et ordonné son incarcération prochaine. Sur les réseaux sociaux, certains messages suggèrent une décapitation, d’autres appellent à l’incarcération à vie de la présidente du tribunal.
"Le danger, c’est de mettre une cible dans le dos de certains magistrats. Lorsqu’on attaque l’institution judiciaire, autorité constitutionnelle, on s’en prend à l’État de droit et donc à la démocratie", fustige auprès de RMC Alexandra Vaillant, secrétaire générale de l'Union syndicale des magistrats. "Le moyen légal de contester une décision n’est pas d’attaquer les juges, mais d’exercer les voies de recours prévues par la loi."
Gérald Darmanin condamne les menaces
Le syndicat s’inquiète de voir ces menaces, jusque-là cantonnées à la criminalité organisée, s’étendre désormais aux procès politico-financiers, avec toutes les précautions que cela impose. La magistrate visée pourrait être placée sous protection policière, si le ministère de la Justice venait à en décider ainsi.
"Les intimidations et les menaces de mort qui touchent les magistrats sont absolument insupportables en démocratie. Je les condamne sans aucune réserve", a écrit samedi sur le réseau social X le ministre de la Justice démissionnaire Gérald Darmanin. La contestation d'une décision de justice ne doit pas se faire "dans la violence des attaques personnelles", a-t-il fustigé.
"Vive inquiétude"
Le premier président de la cour d'appel de Paris a lui aussi appelé "solennellement", samedi dans un communiqué, au respect de l'institution judiciaire et de son indépendance et a déploré la "remise en cause" de son impartialité.
"Dans un Etat de droit démocratique, la critique d'une décision de justice ne peut en aucun cas s'exprimer par des menaces formulées à l'égard des magistrats", s'est encore inquiété Jacques Boulard, exprimant sa "vive inquiétude".
Nicolas Sarkozy réagit à sa condamnation dans le JDD
De son côté, Nicolas Sarkozy, interrogé sur l'exécution provisoire dont est assortie sa peine de cinq ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt à effet différé, a fait savoir dans le JDD qu'il s'attendait "à tout, mais pas à cela".
"Toutes les limites de l'État de droit ont été violées. C'est tellement invraisemblable. Même dans ses réquisitions pourtant violentes, le PNF (parquet national financier, NDLR) ne l'avait pas demandé !", a relevé l'ancien président.