"La sanction peut venir après, la priorité, c’est de la protéger": Ernestine Ronai regrette les violences femmes encore trop nombreuses
L’année dernière, presque 160.000 personnes ont été victimes de violences conjugales, un nombre en hausse de 10%. Parmi elles, 87% de femmes. Des structures existent pour accompagner les victimes, mais les chiffres restent très élevés malgré tout. Pourtant, la lutte contre les violences conjugales est une des grandes causes du quinquennat Macron.
>> A LIRE AUSSI - Une hausse de 10%: près de 160.000 victimes de violences conjugales en 2020
Selon Ernestine Ronai, responsable de l’observatoire départemental de Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes, il faut changer de manière d’appréhender les violences faîtes aux femmes et de travailler avant tout dans une logique de protection. Mais pour ça, il faut de l’agent.
“Disons qu'évidemment, on pourrait faire beaucoup plus notamment au niveau des moyens. On a travaillé sur combien il faudrait et les associations, la fondation des femmes, le conseil économique social et environnemental, le haut conseil à l’égalité femmes-hommes disent un milliard. Et nous avions calculé de manière assez précise”, explique-t-elle ce jeudi sur RMC.
"Une culture de protection"
Selon elle, la priorité, c’est de “protéger les femmes lorsqu’elles révèlent des violences”.
“On sait qu’elles ne les révèlent pas dès qu’elles les subissent. Et donc il faut vraiment les protéger quand elles le font. Ça commence par là. La sanction peut venir après, la priorité, c’est de la protéger. Quand une femme s’adresse aux forces de sécurité il faut la protéger, quand elle demande au juge des affaires familiales une protection via une ordonnance de protection, il faut la protéger. Il faut être beaucoup en amont et être dans un principe de précaution. Il faut qu’on arrive dans notre pays à être dans une véritable culture de protection”, assure-t-elle.
Si elle reconnaît des avancées, elle demande à ce que ça aille encore plus loin. Et notamment du point de vue des mentalités. Elle appelle à une véritable prise de conscience au sein de la société française.
“La formation des forces de sécurité s’améliore beaucoup, on ne peut pas le nier et c’est très important. C’est une des choses positives qui est arrivée pendant ce quinquennat. Mais ça ne suffit pas. Il faut que la représentation de la société sur les violences bouge, qu’on considère que les hommes violents sont des hommes dangereux imprévisibles”, détaille-t-elle.