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Les Corses appelés à rendre leurs armes: "Elles créent un pouvoir morbide dangereux"

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Les préfectures de Corse-du-sud et de Haute-Corse appellent les habitants à "déposer les armes". Le taux de détention sur l'île est "plus du double de la moyenne nationale". Un rapport aux armes "dangereux" surtout chez les jeunes, relève sur RMC Léo Battesti, fondateur du collectif anti-mafia "Maffia NO, a Vita lé".

Les Corses fait face à un problème d'armement. Les préfets appellent les habitants de l'île à remettre à la police ou la gendarmerie les armes ou munitions non déclarées, via une opération d'abandon simplifié du 28 avril au 4 mai. Aucune question ne leur sera posée sur l'origine des armes et les personnes venues les déposer ne risqueront aucune poursuite judiciaire.

L'opération intervient dans un contexte d'augmentation de la  violence sur l'île de Beauté. Depuis le début de l'année, sept personnes ont été tuées, dont six lors de règlements de comptes. La région connaît le taux d'homicides par habitant le plus élévé de France.

Le "mythe du voyou corse"

Cela vise notamment à réduire la circulation des armes sur l'île, où le taux de détention d'armes est deux fois plus élevé que la moyenne nationale. Il y a 350 armes pour 1.000 habitants en Corse, contre 150  dans le reste de la France. "Il y a un rapport avec les armes en Corse qui est malheureusement réel et surtout au niveau des jeunes", relève au micro de RMC Léo Battesti, fondateur du collectif anti-mafia "Maffia NO, a Vita lé".

Les armes créent "une sorte de pouvoir morbide qui est dangereux pour la société" alerte Léo Battesti, fondateur du collectif anti-mafia Maffia NO, a Vita lé

Beaucoup de Corses dénoncent le "mythe du voyou corse" qui séduit la jeunesse. Le procureur d’Ajaccio parle même d’un culte du port d’arme. Le Front de libération de la Corse a aussi inscrit les armes comme moyen d’action politique, sans compter qu’une partie de l’économie locale est captée par des groupes criminels. Certains entrepreneurs estiment qu’il est nécessaire d’avoir de quoi se défendre.

Selon Leo Battesti, cette opération est une bonne chose, mais elle ne suffit pas et doit s'accompagner d'autres démarches notamment auprès des plus jeunes: "C'est un combat aussi qu'il faut mener par l'éducation, dans les écoles", plaide-t-il.

Une culture de la chasse et du tir sportif

Plusieurs facteurs expliquent que beaucoup de Corses détiennent des armes. Plus de 17.000 habitants de l'île ont un permis de chasse, soit 5% de la population, deux fois plus que dans le reste de la France. La Corse est avant tout une région rurale et la chasse fait partie de la culture locale. Les jeunes y sont initiés très tôt.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Le dossier compliqué par Berengère Bocquillon : Les Corses et les armes - 14/04
3:49

L'île est également une terre de tir sportif, qui est le 2ème sport le plus pratiqué en Corse après le foot, avec un total de 6.000 licenciés. C'est une spécificité locale puisque dans le reste du territoire, le tir est seulement le 14ème sport le plus pratiqué. Mais cet usage régulier des armes en loisir favorise la banalisation des armes à feux.

Une opération de collecte similaire avait déjà été orgnaisée fin 2022. Seulement  268 armes avait été récupérées par les autorités. Un chiffre qui peut sembler dérisoire quand plus de 100.000 armes sont en circulation sur l'île. Ce sont surtout des personnes âgées qui avaient remis ces armes aux autorités et des personnes qui ne savaient pas comment s'en débarrasser.

Les préfets ne se font pas trop d’illusions mais plusieurs homicides récents ont ému la population corse. Une étudiante de 19 ans a été tuée, probablement victime d’une erreur de cible, le 15 février dernier. Ils en appellent à la responsabilité de chacun pour que cette campagne d’abandon des armes soit un succès.

Grégoire Morelli, Bérengère Bocquillon et TRC