"Les gens ont peur": la police distribue des flyers pour demander aux habitants de dénoncer les dealers

Des flyers contre les dealers. À Grenoble, la police nationale de l'Isère distribue des prospectus accompagnés d'un QR code dans les quartiers gangrenés par la drogue pour demander aux habitants et commerçants de les aider dans leur lutte contre le trafic.
La première distribution a eu lieu le 22 mai dernier dans le quartier Mistral. Objectif: recueillir anonymement des informations et impliquer la population dans la reprise des territoires aux mains des trafiquants. "Vous êtes victimes de pression, votre montée d'immeubles est squattée, vous pouvez contacter la police nationale", peut-on lire sur ce flyer.
"Les gens ont peur"
Comme dans le quartier Hoche, en plein cœur de la ville. Sur ce flyer, la police en appelle aux habitants victimes de pressions, ceux dont l’immeuble est squatté ou qui se sentent en insécurité. Anonymat garanti. Une bonne idée selon Daniel: "Je pense que oui, ça contamine tout le monde. C'est à la police de faire son boulot, mais les gens ont peur aussi".
Céline, elle, ne participera pas. Elle vit pourtant au quotidien avec le trafic de drogue: "Il faut faire profil bas quand on passe devant les trafiquants, mais je ne vais pas dénoncer qui que ce soit, je n'apporterais rien de plus je pense".
"Ce n'est pas mon rôle", conclut l'habitante.
Mettre des moyens humains derrière
Rien de plus par rapport à ce que la police sait déjà, selon cette habitante. Pourtant, toutes les informations peuvent être utiles. "Les descriptions des individus qui vendent, qui viennent acheter, à quel moment il y a plus de personnes, à quel moment ils se font livrer des drogues", selon Yannick Biancheri, secrétaire départemental du syndicat Alliance Police Nationale en Isère. Il nuance tout de même: "Avoir des informations c'est bien, si la population prend l'enjeu sécuritaire à bras le corps et qu'elle nous donne ces informations. Mais si derrière nous n'avons pas d'effectifs de police, ça ne sert à rien".
"Ces idées-là sont bonnes, mais à condition de mettre des moyens humains derrière", demande-t-il.
Selon les autorités, des saisies et des interpellations ont déjà été réalisées grâce aux informations communiquées par des habitants des quartiers concernés. En mars dernier au sud de Grenoble, c'est l'inverse qui s'était produit. Des trafiquants de drogue avaient distribué des flyers dans les boîtes aux lettres faisant la réclame des points de deal de la région.