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Lettre du juge Lambert: "C'est le message final de quelqu'un incapable de se remettre en cause"

Pour les avocats des parents du petit Grégory, la lettre posthume du juge Lambert, publiée mercredi par l'Est Républicain, est l'œuvre d'un homme "qui n'a pas pris en compte les avancées de l'affaire" depuis qu'il en a été dessaisi, il y a 30 ans.

Une lettre pour expliquer son geste. A la veille de ses obsèques, qui auront lieu ce jeudi dans la cathédrale du Mans, le quotidien l'Est Républicain a rendu publique une lettre du juge Jean-Michel Lambert, le premier en charge de l'affaire du petit Grégory. Dans ce courrier, Jean-Michel Lambert explique qu'"il a décidé de se donner la mort" car il n'a "plus la force de se battre". Celui qu'on a surnommé le "petit juge" fustige un "dernier rebondissement infâme" dans l'affaire Grégory. Il dénonce une "machine à broyer" des "innocents" et met en cause certains confrères.

Jean-Michel Lambert ne peut s'empêcher de critiquer les derniers développements de l'affaire. "Un château de carte", écrit-il, "voué à l'échec". Avant de proclamer une dernière fois l'innocence de Bernard Laroche. Pour Thierry Moser, avocat des parents de Gregory, cette lettre n'a pas de valeur: "Depuis plus de 30 ans, M. Lambert n'a évidemment pas accès au dossier judiciaire. C'est le message final de quelqu'un qui est absolument incapable de se remettre en cause".

"Une telle souffrance qu'il en a perdu la lucidité"

Si elle est moins tranchée, l'avocate des époux Villemin, Christine Chastant-Morand, s'est dite surprise en lisant la prise de position du juge Lambert dans sa lettre posthume. "Le juge Lambert avait été dessaisi par la force des choses de ce dossier qu'il ne suivait plus depuis 30 ans. Je trouve étonnant de faire abstraction de tout ce qu'il s'est passé depuis qu'il a suivi l'instruction de ce dossier. Enormément de choses ont été dites et publiées. Le sentiment que j'ai, à la lecture peut-être rapide de cette lettre, c'est que le juge Lambert en est resté au moment où il a terminé, pour ce qui le concerne, cette instruction".

"C'est la lettre d'une personne en grande souffrance, et dans une telle souffrance qu'il en a perdu la lucidité", estime de son côté Jacky Coulon, secrétaire général de l'USM (Union syndicale des Magistrats). Pour lui, cette lettre n'aura de toute façon pas d'incidence directe sur l'instruction en cours. "On ne peut pas tirer de conclusion de ce qu'il affirme. C'est sa conviction, car à l'évidence il ne peut pas connaître les éléments qui sont dans le dossier de la cour d'appel de Dijon". De fait, la confrontation entre Murielle Bolle et son cousin aura bien lieu vendredi prochain.

P. G. avec Marion Dubreuil