Manifestations: des tensions et des affrontements à Rennes, Nantes et Lorient

Des heurts ont opposé ce jeudi à Nantes et Rennes des manifestants aux forces de l'ordre, qui ont répondu aux dégradations et jets de projectiles par des tirs de gaz lacrymogène et de canon à eau.
Au lendemain de la prise de parole du président Emmanuel Macron pour justifier sa réforme des retraites, les tensions étaient palpables dans les cortèges, qui semblaient avoir fortement mobilisé pour cette neuvième journée d'action nationale. Le syndicat Force Ouvrière a annoncé à Rennes, 35.000 participants, et 22.200 selon la préfecture.
La manifestation rennaise n'était pas encore achevée que des premiers heurts ont éclaté entre jeunes masqués et encapuchonnés, qui s'étaient postés en amont de la tête du cortège, et l'imposant dispositif policier.
De nombreux tirs de grenades lacrymogènes ont répondu aux jets de projectiles et feux de poubelles, au point que le cortège de l'intersyndicale a un moment stoppé sa progression et envisagé de faire demi-tour devant l'épais nuage de fumée âcre.
Les tensions ont repris un peu plus tard lorsque le cortège est arrivé sur la place de la République, où les forces de l'ordre ont fait un usage abondant du canon à eau pour contenir la foule et de nouveau noyé la zone sous le gaz lacrymogène.
Selon un bilan provisoire de la préfecture d'Ille-et-Vilaine, un manifestant de 41 ans a été pris en charge par les pompiers pour un traumatisme au genou, trois membres de forces de l'ordre ont été "impactés par des jets de projectiles" et quatre personnes ont été interpellées.
Un commissariat pris pour cible à Lorient
A Nantes, la police a annoncé 25.000 manifestants mais les syndicats revendiquent 80.000 manifestants, soit la plus grosse mobilisation depuis le début du mouvement.
La manifestation avait débuté dans le calme peu après 10h30 mais s'est tendue deux heures plus tard: aux jets de projectiles, les forces de l'ordre ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène, quasiment en continu pendant plus d'une heure.
De nombreux manifestants ont exprimé leur colère par des slogans agressifs contre les forces de l'ordre - "flics violeurs assassins"- ou par de nombreux tags sur les murs de la ville.
Symptôme des tensions, la manifestation organisée à Lorient (Morbihan) a elle aussi été marquée par des troubles inédits, lorsque des manifestants, en grande partie des jeunes au visage dissimulé, ont pris pour cibles les forces de l'ordre et le commissariat de la ville.
Des vitres du bâtiment, où les policiers s'étaient retranchés, ont été cassées par des jets de projectiles et des feux allumés contre le portail, avant l'intervention des gendarmes pour disperser la foule.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé des "attaques" et des "dégradations" "inacceptables" contre un commissariat et la sous-préfecture de Lorient (Morbihan). "Pensées aux fonctionnaires blessés, ces actes ne peuvent rester impunis", a-t-il ajouté sur Twitter.