Mayotte: "Encore de la place en centre de rétention" assure l’Intérieur face au blocage juridique

C’est non. A Mayotte, le tribunal de Mamoudzou a suspendu l'évacuation d'un bidonville, prévue ce mardi dans le cadre de l'opération Wuambushu contre la délinquance et l'habitat insalubre menée dans le département français de l'océan Indien. La veille, les Comores ont refusé l'accostage d'un navire transportant une soixantaine de personnes au port d’Anjouan, à 70 km de Mayotte. Le ministère de l’Intérieur assure qu’il s’attendait ces difficultés. "On est dans un Etat de droit, il peut y avoir différents types de recours, au tribunal judiciaire, au tribunal administratif, indique sa porte-parole, Camille Chaize, dans ‘Apolline Matin’ sur RMC et RMC Story. Il y a effectivement cette décision (du tribunal de Mamoudzou) dont on prend acte et les avocats de l’Etat vont faire appel. On sait que la bataille juridique est complexe."
Quant à l’expulsion des sans-papiers, le renvoi vers les Comores n’est pas la seule solution. "L’archipel voisin nous a fait savoir qu’il y avait cette fermeture du port pour quelques jours, confirme Camille Chaize. Les reconduites à la frontière, il y en a vers d’autres pays. Toutes les semaines, il y a des avions qui partent à Madagascar. Ou avec le Sri Lanka, le Kenya… C’est le jeu de la diplomatie, qui n’est quelquefois pas rapide, pas immédiate. A Mayotte, il y a un centre de rétention administrative. Il y a des locaux qui ne sont pas pleins. Si un étranger en situation irrégulière est interpellé, il sera conduit dans ce centre de rétention administrative. Il y a encore de la place. Ces éloignements sont progressifs, et vers d’autres pays, pas seulement l’archipel que vous évoquez. Il ne faut pas non plus se focaliser là-dessus."
"La population ne peut plus vivre normalement"
Selon l’Intérieur, la lutte contre l’immigration clandestine n’est qu’une "conséquence" de l’opération en cours. "L’objectif premier de l’intensification et de la présence policière sur l’île depuis plusieurs semaines, c’est de lutter contre l’insécurité et la criminalité organisée à Mayotte, assure Camille Chaize. Il y a des taux de délinquance extrêmement forts. Les homicides ont augmenté de plus de 15%. Il y a des écoles qui ont dû fermées parce qu’il y a des caillassages, des vols à l’arraché, des vols à la portière… La lutte contre l’immigration clandestine, c’est seulement une des suites possibles. Avant tout, c’est cette lutte contre l’insécurité. Quand on organise des contrôles routiers intenses, comme on le fait depuis quelques jours, et qu’il y a des personnes qui sont sans-papiers, c’est la chaine de reconduite à la frontière et d’éloignement qui se met en place. C’est juste une conséquence. Il y a aussi des chefs de bandes qu’on est en train d’arrêter, des criminels qui peuvent être étrangers, mahorais, ou de métropole.
"C’est avant tout une lutte contre l’insécurité sur l’île et elle va se poursuivre pendant de très nombreuses semaines, plusieurs mois, autant qu’il le faudra parce que la situation ici à Mayotte est très, très complexe en terme de sécurité, ajoute la porte-parole du ministère de l’Intérieur. La population ne peut plus vivre normalement, en réalité. On ne peut plus aller à l’école, se rendre chez le médecin, parce qu’il y a des attaques, des barrages sur les routes. C’est d’abord contre ça qu’on veut lutter. Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on ne va pas s’y atteler. Mayotte a été laissée trop longtemps sans cette présence policière, sans prendre le problème à bras le corps. On assume le fait que ce soit difficile et qu’il puisse y avoir des barrières, par exemple juridiques. Cette bataille juridique, on s’y attendait. On fera des appels. Les démolitions de bidonvilles, peut-être qu’elles auront lieu un jour."