Meurtre de Mahamadou Cissé: l'octogénaire mis en examen remis en liberté sous contrôle judiciaire

Le procureur de la République de Reims avait parlé d’un "crime d’exaspération" au sujet du meurtre de Mahamadou Cissé, 21 ans. Le 9 décembre 2022 à Charleville-Mézières, un voisin de 83 ans lui avait tiré une balle dans le thorax dans leur immeuble. L’octogénaire mis en examen pour meurtre, détention d’une arme non autorisée placé en détention provisoire a obtenu ce vendredi 21 juillet 2023 sa remise en liberté sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire et de paraitre dans le département des Ardennes.
Le procureur de la République de Reims a donné un avis favorable mardi 18 juillet à la demande de mise en liberté formulée par l'avocat du mis en examen. Le magistrat estime que l'octogénaire présente toutes les garanties de représentation. Il écarte également le risque de déperdition de preuves ainsi que le risque de pression sur les témoins d'abord parce que déclarations du mis en examen comme celles des témoins bien que contradictoires sont figées en procédure.
Le mis en examen a affirmé qu’un groupe de jeunes traînait devant chez lui en permanence et qu’ils consommaient de l’alcool et la drogue. Ce jour-là, il leur avait demandé de partir et, d'après lui, les jeunes l’auraient insulté.
L'avocat de M. Cissé espère "un sursaut du parquet pour que cette décision soit frappée d'appel"
Il dit être allé chercher son fusil chez lui et avait menacé les jeunes avant de tirer sur Mahamadou Cissé, son voisin de 21 ans. "J’ai tiré parce qu’il m’a insulté et il m’a craché à la figure. Le coup est parti […] les nerfs sont montés", a-t-il affirmé. Deux témoins directs contredisent cette version. Au moment des faits, ils étaient avec Mahamadou Cissé et affirment que le jeune homme aurait cherché à raisonner le vieil homme. Il lui aurait demandé à plusieurs reprises de ranger son arme.
L’analyse du sang du jeune homme montre d'ailleurs qu’il n’avait pas consommé d’alcool ou de drogue. Une expertise psychiatrique de l’octogénaire écarte également toute altération ou abolition du discernement et souligne le "caractère obsessionnel" du mis en cause.
Me Said Harir, l'avocat de la famille de Mahamadou Cissé partie civile dans le dossier s'émeut de cette mise en liberté prématurée alors qu'une confrontation entre le mis en examen et l'un des témoins n'a toujours pas eu lieu et que le rapport balistique n'a pas encore été versé au dossier. Il dit espérer "un sursaut du parquet pour que cette décision soit frappée d'appel".