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Police-Justice

Mort d'Yvan Colonna en prison: des nouvelles révélations troublantes

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De nouvelles révélations sur l’assassinat en prison d’Yvan Colonna: la commission d'enquête parlementaire vient d’apprendre que l'agresseur du nationaliste corse avait proféré des menaces précises la veille de son passage à l’acte. Des révélations qui sèment le trouble.

L'affaire Yvan Colonna n'est pas terminée. La commission d'enquête parlementaire qui tente d'éclairer les circonstances de sa mort dans la prison d'Arles a fait de nouvelles révélations qui sèment le trouble.

Le 2 mars 2022, une surveillante de la prison centrale d’Arles a surpris une conversation entre trois détenus. Elle a entendu Franck Elong Abé dire "Je vais le tuer", et c’est ce détenu, islamiste et violent qui a effectivement assassiné Yvan Colonna le lendemain.

La veille, il avait donc dit cela et avait ensuite curieusement rangé sa cellule. Lorsqu’on lui avait demandé pourquoi, il avait répondu: "Je fais le vide” comme s’il savait qu’il allait bientôt quitter cette cellule. La surveillante a ensuite fait son travail, elle a transmis le jour même ces informations à sa hiérarchie. Elle a entré ses observations dans le logiciel consacré aux détenus particulièrement surveillés. Mais ces alertes n’ont pas pas empêché l’assassinat d’Yvan Colonna le lendemain.

Curieusement, le dossier informatique de Franck Elong Abé ne contient aucune information durant le mois qui a précédé son geste

Mais ce n’est pas ça qui pose question. Parce qu’un détenu qui dit “je vais le tuer” ou bien qui range sa cellule, c’est assez courant et on ne peut pas, après coup, reprocher à l'administration pénitentiaire de n’avoir pas deviné ce qui allait se passer.

Ce qui pose question, en revanche, c'est qu’on n’apprend que maintenant, un an après, l'existence de ces éléments. Alors que la surveillante affirme qu’elle a envoyé deux courriers après l’assassinat.

La commission d'enquête parlementaire a auditionné les dirigeants de la prison et les responsables du renseignement pénitentiaire qui, a aucun moment, n’ont fait état de ce témoignage.

Mais plus surprenant surtout, c’est que les détenus particulièrement surveillés, comme l’était l’assassin d’Yvan Colonna, font l’objet de rapports quotidiens ou chaque incident doit être noté. Or curieusement le dossier informatique de Franck Elong Abé, ne contient aucune information durant le mois qui a précédé son geste. Sa fiche est vide.

Deux hypothèses: soit il a été particulièrement sage pendant un mois, ce qui n'était pas son genre, soit, son dossier à été nettoyé. Le président de la commission d’enquête, le deputé nationaliste corse, Jean-Felix Acquaviva s’interroge sur un possible effacement de ces donnés et il menace de saisir la justice si cette hypothèse devait se confirmer. En attendant, la commission veut réentendre des responsables de l'administration pénitentiaire et les interroger sur leur silence lors de leur premiere audition.

Le profil encore trouble du tueur

Il reste aussi des questions sur le profil et le parcours de l'assassin d’Yvan Colonna. C’est un homme qui a 37 ans aujourd’hui. Qui est né au Cameroun, qui est arrivé en France à 15 ans avec déjà des troubles psychiatriques.

Il se convertit à l’slam et part en Afghanistan participer au djihad. Il est finalement arrêté par les Américains, détenu deux ans sur place puis remis à la France. Il a été condamné à neuf ans de prison pour associations de malfaiteurs terroristes. Il a commis en prison une trentaine de faits de violences, notamment des agressions de surveillants et de détenus. Il a aussi été condamné pour une tentative d’évasion.

A la centrale d’Arles, il dormait à même le sol, il s’était fait pousser la barbe et tenait des propos radicaux, il refusait de parler aux surveillantes. Mais malgré ce parcours chaotique, il avait obtenu le statut d’auxiliaire de sport, ce qui lui donnait une certaine liberté de mouvement. C’est comme cela qu’il a réussi à se trouver seul avec Yvan Colonna dans une salle de sport.

Les députés de la commission d'enquête s’interrogent sur ces avantages obtenus et ils ont posé la question aux responsables du renseignement pénitentiaire. Est ce que ce détenu était un de leurs indicateurs ?

La seule réponse qu’ils ont obtenue, c’est “secret défense”. Les auditions de la commission parlementaire doivent se poursuivre jusqu’au mois de mai. Les députés espèrent en apprendre plus…

Nicolas Poincaré (édité par J.A.)