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Mort de Nahel: "Les premières déclarations de la police étaient fausses", juge Mathieu Kassovitz

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Dans "Les Grandes Gueules" ce lundi sur RMC et RMC Story, l'acteur et réalisateur de "La Haine" Mathieu Kassovitz constate que rien n'a changé 30 ans après son film. Après la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre, il déplore qu'il y ait eu besoin d'images pour contredire la version policière et permettre l'instruction judiciaire.

Dans une vidéo publiée sur Instagram, Mathieu Kassovitz a réagi à la mort de Nahel à Nanterre et établit un parallèle avec son film "La Haine", sorti en 1995 qui raconte l'histoire d'une bavure policière et des émeutes qui s'ensuivent: "Ce sont des fils, ce ne sont pas des voyous, ce ne sont pas des criminels: ils n'ont pas d'armes. Tant que la police continue à tuer des enfants, le seul moyen de trouver un équilibre est de condamner le policier", a-t-il clamé pour défendre les jeunes issues des quartiers populaires.

Depuis, le policier a été placé en détention provisoire et mis en examen pour homicide volontaire. Une décision qui va dans le bon sens mais qui semble insuffisante pour Mathieu Kassovitz. "Comme d’habitude, les premières déclarations de la police étaient fausses", déplore-t-il ce lundi sur le plateau des "Grandes Gueules", sur RMC et RMC Story. "Ça a pris toute la journée pour le placer en garde à vue, c’est un système qui se répète, ce n’est pas nouveau", ajoute le réalisateur.

"Ces mômes en ont marre et se vengent"

"Les gens sont prêts à accepter les accidents mais ce qu’ils n’acceptent pas, c’est le manque de justice derrière, le manque de discernement entre qui était Nahel et ce qu’on lui a fait. On a tous fait des bêtises à 17 ans et nos enfants feront pareil. Mais on ne peut pas condamner Nahel avec des si, ‘et s’il avait écrasé quelqu’un...’, sinon on est tous condamnables dès qu’on passe les 50 km/h", déplore Mathieu Kassovitz.

Déplorant les pillages, l'acteur estime que les émeutiers "se vengent". "Ces mômes en ont marre, ils se vengent. Ils pillent aussi, il y a des connards partout qui en profitent après, c’est de la merde", ajoute-t-il, évoquant aussi les violences et les attaques qui ont visé des élus.

"C’est inexcusable mais c’est explicable. L’explication, c’est que ça fait 30 ans que c’est comme ça. J’ai fait un film ("La Haine", ndlr), sur les mêmes choses, une bavure et des violences. Rien n’a évolué. C’est dur, c’est vraiment dur. On est en train de tirer vers les Etats-Unis et ce côté d’ultraviolence", craint Mathieu Kassovitz.

"On peut désamorcer les problèmes d'une autre manière"

"On peut désamorcer les problèmes d’une autre manière, il faut savoir se comporter", ajoute-t-il, s'étonnant que le policier, responsable du tir, ait eu le doigt sur la gâchette de son pistolet alors qu'il visait Nahel au volant de son véhicule.

"Est-ce qu’un jeune blanc de quartier riche se ferait tirer dessus lors d’un contrôle de police? Pourtant, cela existe des jeunes du 16e arrondissement de Paris qui prennent la voiture surpuissante de leurs parents, il ne faut pas être naïf", prévient Mathieu Kassovitz.

Interrogé sur la cagnotte lancée par un ancien porte-parole d'Eric Zemmour, Jean Messiha, et teintée de succès avec plus de 860.000 euros recueillis, Mathieu Kassovitz s'étonne de cet élan de soutien: "Après ces images, je trouve ça dur de soutenir ce policier. Avec tous les exemples que l'on voit de ce que sont capables de faire les policiers, je trouve inhumain et déshumanisant de lui verser des sous".

G.D.