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Mort de Nahel: "Je ne vois pas de conditions de légitime défense", juge le commissaire David Le Bars

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Les conditions de légitime défense n'étaient pas réunies lors du tir mortel sur Nahel ce mardi à Nanterre, selon le secrétaire général du syndicat des commissaires de police David Le Bars. Mais pour lui, c'est le comportement du conducteur avant le drame qui justifie la sortie de l'arme par le motard de la police.

Pour David Le Bars, le secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale, les conditions de la légitime défense n'étaient pas réunies ce mardi à Nanterre lors du tir policier qui a entraîné la mort de Nahel 17 ans: "Dès que j’ai vu la vidéo, je me suis dit qu’on était dans une affaire très grave", assure le policier dans "Les Grandes Gueules" ce jeudi sur RMC et RMC Story.

"Très factuellement, les policiers ne risquent pas d’être écrasés, le policier tire à bout portant sur le conducteur. Sur cette vidéo, je ne vois pas les conditions de la légitime défense", ajoute le syndicaliste.

La sortie d'arme "ne peut se justifier que par un comportement dangereux avant le tir"

"Ce qui nous manque, c’est de savoir ce qui a pu se passer avant, s’il y a eu un périple qui pourrait justifier les conditions du 435-1", l'article 435-1 du Code de la sécurité intérieure (CSI), qui définit les conditions d'utilisation d'une arme à feu pour un policier, autorisant notamment cette utilisation quand les occupants d'un véhicule "sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d'autrui".

Pour David Le Bars, cette sortie d'arme peut éventuellement s'expliquer par ce qu'il s'est passé avant le tir mortel: "Cela ne peut se justifier que par un comportement dangereux avant le tir, un rodéo ou une poursuite qui se serait mal passée et qui fait que le policier serait arrivé en surtension sur le contrôle".

Ce jeudi, le procureur a expliqué que les policiers avaient tenté en vain de faire arrêter le véhicule conduit par Nahel, évoquant une conduite dangereuse présentant un danger pour des piétons et cyclistes. "J'en déduis que le policier assume son tir et l'application du 435-1, estimant que le véhicule pouvait mettre en danger la vie d'autrui", anticipe David Le Bars.

"Des propos qui font très mal" avant le tir

Le commissaire déplore les propos tenus par les policiers avant le tir mortel et audibles dans la vidéo du drame. "Ce sont des propos qui font très mal qui sont audibles et incontestables. Ce genre de propos, le seul éclairage, c’est ce qui s’est passé avant et l’éventuelle surtension", estime le policier.

Au-delà du tir, de nombreuses voix s'étonnent de la première version des policiers, assurant que le véhicule conduit par Nahel aurait foncé sur les motards, une version démentie par la vidéo du drame. Pour David Le Bars, cette première version est liée aux remontées de terrain traitées par des opérateurs extérieurs à la scène. "Ces fiches sont faites par des opérateurs qui ne sont pas sur le terrain. S’il a essayé de foncer sur les policiers auparavant, hors de la vidéo par exemple, c’est dans la fiche Pégase et c'est ce qui va remonter", explique le policier.

G.D.