Mort de Zineb Redouane à Marseille: le policier qui a lancé la grenade lacrymogène innocenté par un rapport d'experts

Le 2 décembre 2018, cette femme de 80 ans mourait à l'hôpital. La veille, lors d'une manifestation des "gilets jaunes" à Marseille, elle avait été touchée par une grenade lacrymogène alors qu'elle fermait les fenêtres de son appartement.

C'est écrit noir sur blanc dans ce document de 73 pages: la grenade a été utilisée, selon les règles. Le rapport d'expertise remis dans le cadre de l'enquête sur la mort de Zineb Redouane, fin 2018 à Marseille, met hors de cause le policier.

Selon des avocats de la famille, le tir de grenade lacrymogène a été effectué dans les règles et a atteinte accidentellement l'octogénaire, morte le 2 décembre 2018 à l'hôpital, 24 heures après avoir été touchée de plein fouet par une grenade lacrymogène tirée par la police, tandis qu'elle fermait une fenêtre de son appartement dans le centre-ville, où des manifestations se déroulaient.

Le 1er décembre 2018 avait lieu à Marseille comme ailleurs l'acte 3 du mouvement des "gilets jaunes", mais aussi une marche contre le logement indigne après la mort de huit personnes dans l'effondrement de deux immeubles insalubres un mois plus tôt.

Selon le rapport, le tir avait une trajectoire de bas en haut et a été déclenché à 37 mètres de distance. Mais selon les experts, il ne peut pas s'agir d'un tir de visée, d'un tir intentionnel. Compte tenu de la distance, de l'obscurité et des dégagements de gaz lacrymogène dans la rue, rien ne permet d'affirmer que Zineb Redouane a pu être aperçue par le CRS au moment où il pressait la gâchette. 

L'avocat de la famille de l'octogénaire juge ces conclusions scandaleuses. Selon lui, le tir était tendu, pas en cloche. Et le policier ne pouvait pas ignorer qu'il pouvait y avoir des habitants dans l'immeuble. L'avocat espère que les magistrats chargés de cette enquête ne tiendront pas compte de cette expertise, et qu'ils en demanderont une nouvelle. Ce dossier judiciaire, d'abord instruit à Marseille, avait été dépaysé à Lyon à l'été 2019. 

Benoît Ballet avec Xavier Allain