"On a passé tout le week-end à protéger nos boutiques": l’émotion d’une victime de pillages

Ils sont des centaines dans la même situation, partout en France. Des vitrines brisées, des rayons dévalisés… Les commerçants ont été la cible de pillages depuis le début des émeutes après la mort de Nahel à Nanterre mardi dernier. A Saint-Etienne, par exemple, le centre-ville a été particulièrement touché. Sébastien Couturier, président de l’association des commerçants, a vécu plusieurs journées difficiles.
"On est une association de commerçants, on a l’habitude d’organiser des évènements pour faire sourire les gens. Et là, on est absolument abasourdi, explique-t-il dans ‘Apolline Matin’ ce lundi sur RMC et RMC Story. Je n’ai plus de mots. Saint-Etienne est dans un état absolument catastrophique. On a un peu de mal à s’en rendre compte nous-mêmes. Dans certaines rues, on a une boutique sur trois qui est abimée. A l’échelle de notre ville, on dénombre quasiment 15% des commerces qui sont pillés ou vandalisés. C’est hallucinant. On est vraiment inquiet. On ne sait pas comment on va se remettre de ça."
"J’en ai les larmes aux yeux"
En attendant les indemnisations, Sébastien peine à retenir son émotion, après avoir enchainé les nuits blanches. "Les assureurs vont faire leur travail, je n’ai aucun doute, confie-t-il. Moi, ce qui m’inquiète, c’est quand mon assureur me dit: ‘Monsieur, palissez en bois devant votre boutique’. Mais des jeunes avec des dévisseuses, ça ne leur prend pas plus de quatre minutes pour dévisser ce qu’on a installé la veille pendant quatre heures, avec notre papa… J’en ai les larmes aux yeux. On a passé tout le week-end à protéger nos boutiques. En dix minutes, ils enlèvent tout ! Qu’est-ce qu’on peut faire face à ça? Hier, notre maire en a appelé à l’armée, est-ce qu’il a raison? Je pense que oui. Est-ce qu’on est capable de surveiller nos boutiques ? Bien évidemment que non."
A Saint-Etienne, la mairie avait demandé aux commerçants de baisser le rideau à 14h samedi. "Le manque à gagner est terrible, hallucinant", souligne Sébastien, qui a été contraint de retirer ses produits avant de quitter les lieux. "On a vidé le magasin de tout le stock, explique-t-il. Est-ce que je dois faire ça tous les soirs? Et remettre mon stock le lendemain matin? Est-ce que c’est sincèrement possible de travailler comme ça?"