"On est à sec": médecins, psychiatres, traducteurs, les experts judiciaires en colère attendent leur paie

La fronde des experts judiciaires. Médecins, psychiatres, traducteurs, ces professionnels essentiels à la tenue de procès sont en colère. Ils tardent à être payés et la grogne monte.
La fronde est venue de la côte méditerranéenne. Pierre Stehlé, un psychiatre qui travaille notamment avec la Cour d’appel d’Aix-en-Provence, attend des dizaines de milliers d’euros depuis plusieurs mois. Révolté, il a lancé il y a quelques jours le syndicat des experts de Provence, rejoint, rapidement, par d’autres experts lésés.
"On est complètement à sec", témoigne un traducteur. Ensemble, ils comptent manifester fin février et envisagent une action collective contre l’Etat.
Priorité à certains professionnels
Des professionnels loin d’être isolés dans leur combat. Partout en France, des retards, parfois jugés "considérables", sont constatés. La problématique était déjà connue. Mais elle est renforcée par l’absence de budget 2025 selon des experts. "Souvent on est payé début janvier pour des missions de l’année précédente. Mais là… Rien", regrette l’un d’eux, basé à Paris.
Le responsable budgétaire d’un tribunal explique: "J’ai reçu 25% de la dotation annuelle. Ça couvre à peine les dossiers en retard". Certaines juridictions décident alors de prioriser. Selon le premier président d’une cour d’appel, des médecins libéraux sont payés en premier, contrairement à des grands laboratoires, qui attendront. Mais d’après le ministère de la Justice, les délais moyens de paiement ne sont pas déraisonnables. Sur 2024, plus de 95% des prestations auraient été rémunérées.