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Police-Justice

"Pas une journée sans incident": dans les tribunaux, les violences et les menaces gagnent du terrain

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Une semaine après la rixe entre bandes rivales à la cour d’assises de Bordeaux, la sécurité dans les palais de justice est de nouveau sur la sellette. Multiplication des incidents, manque de moyens, désengagement des forces de l’ordre: magistrats et avocats tirent la sonnette d’alarme face à une violence croissante dans les tribunaux.

Près d'une semaine après la violente bagarre Bordeaux entre deux bandes rivales de Bordeaux à la cour d’assises de la Gironde, la sécurité des palais de justice est au cœur des préoccupations. Une sécurité qui ne satisfait pas tout le monde, à en croire la quasi-totalité des interlocuteurs, les incidents se sont multipliés au sein des tribunaux.

Violences, insultes, menaces… "Les gens sont plus irrités, irritables, une parole plus débridée”, regrette un premier président de cour d’appel. “De plus en plus, on est obligé de déployer des dispositifs spécifiques, qu’on n’avait pas dans les années précédentes”. Le président d’un tribunal en Île-de-France explique:

“Ce qui est nouveau, ce ne sont pas les phénomènes de bande… Ce sont les justiciables et les familles qui veulent rendre justice”.

"On paye le désengagement du ministère de l’Intérieur"

D’ailleurs, selon ce magistrat breton, "il ne se passe pas une journée sans incident de sécurité". Les moyens déployés sont pourtant très importants. "C’est 15 à 20% de mon budget", détaille le premier président d’une cour d’appel. Plusieurs millions d’euros, donc, dépensés pour installer des portiques ou faire appel à société privée. "On paye le désengagement du ministère de l’Intérieur", dénonce un magistrat.

Les indiscrets : Au tribunal, la violence gagne du terrain - 22/05
Les indiscrets : Au tribunal, la violence gagne du terrain - 22/05
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Car depuis quelques années, les forces de l’ordre ne sont plus systématiquement présentes dans les tribunaux. La justice fait ainsi avec ses moyens. “Et ils ne sont clairement pas suffisants”, souffle une source judiciaire. “On est très exclu”, de cette gestion de la sécurité dit aussi une avocate, élue au conseil national des barreaux.

Une profession pourtant en première ligne face aux justiciables. Elle plaide pour plus de formations, entre magistrats et avocats, pour mieux anticiper les incidents d’audience.

Vincent Chevalier