Patrick Balkany: "Ce n'est pas un délit de dépenser plus qu'on ne gagne!"
Un véritable "show". Longuement questionné sur son train de vie fastueux et l'argent liquide coulant à flot autour de lui, le maire LR de Levallois-Perret Patrick Balkany, jugé à Paris pour fraude fiscale, a invoqué mercredi un héritage familial et accusé le fisc de surévaluer son patrimoine.
A la barre, Patrick Balkany s'indigne: "Je n'ai jamais été corrompu, j'ai horreur de la corruption". Quand le président l'interroge sur la valeur de sa résidence principale à Giverny, une propriété de deux hectares à coté du musée Claude Monet, l'élu évoque une "bâtisse dans son jus", loin de Paris, surévaluée par l'administration fiscale. Le moulin ne compterait pas 11 chambres comme l'ont dit les enquêteurs, mais quatre. Malgré 1,8 million d'euros de travaux à Giverny depuis 1986, la piscine serait "bonne à refaire", le tennis "déformé".
Même réponse au sujet de sa villa Pamplemousse de Saint-Martin, aux Antilles: "Un bungalow en haut de la colline loin de la mer". C'était selon lui un gouffre financier en raison des travaux induits par l'"air marin" ou les ouragans, et le fisc gonflerait sa valeur.
"On n'est pas au spectacle"
Le tout acquis grâce à l'héritage de son père, un ancien résistant qui avait investi après guerre dans le commerce et les lingots d'or. Une fortune helvète dont Patrick Balkany rapatrie 6 millions de francs à la fin des années 1980. Il vend ensuite ses parts dans l'entreprise familiale pour 33 millions, une "cession suspecte" car surévaluée selon l'accusation.
Patrick Balkany ne se gêne pas pour déclarer son désamour au fisc: "Il m'a ponctionné 1,5 millions d'euros" affirme-t-il en se retournant vers le public, provoquant des éclats de rires dans la salle. "J'ai pas un amour fou pour cette administration", "mais si tous les mauvais payeurs payaient autant que moi, on n'aurait plus de problèmes en France !", ironise l'édile. Le président douche les rires du public: "On n'est pas au spectacle".
Quelques instants plus tard, à la sortie de l'audience, Patrick Balkany se confie aux journalistes: "Ce n'est pas un délit de dépenser plus qu'on ne gagne! Nous dépensions parce que nous avions un capital qui nous le permettait".
L'élu admet avoir mené grand train. Mais c'est terminé. Il tente d'apitoyer le tribunal: "Je serai aujourd’hui sur le bord de la route, affirme-t-il, sans l'aide de ma fille et de mon frère".