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Patrick Balkany libéré de prison, et maintenant?

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Patrick Balkany est sorti de prison mercredi soir. La cour d’appel à ordonné sa remise en liberté pour raisons médicales. Mais le feuilleton judiciaire n’est pas terminé...

La 7e demande de mise en liberté aura été la bonne. Après six refus, les magistrats ont cette fois autorisé la sortie de prison de Patrick Balkany. A vrai dire, ils n’avaient pas vraiment le choix. Une expertise médicale, qu’ils avaient eux-même commandé, venait de conclure que son état était difficilement compatible avec la détention.

Il souffre d’une grave pathologie digestive et d’un état dépressif marqué en plus d’une perte de poids très importante. Compte tenu de ce certificat et de l'âge de Patrick Balkany, 71 ans, il était difficile de le garder en prison. La décision a été été prise au dernier jour de son quatrième et dernier procès. Il a été libéré mercredi soir après exactement 5 mois de prison. Et sur les images il est apparu effectivement très affaibli et amaigri.

Patrick Balkany attend deux jugements en appel

Il va maintenant attendre dans son moulin de Giverny, les deux derniers jugements. Son contrôle judiciaire l’oblige à résider dans cette luxueuse demeure. La justice en a pourtant ordonné la saisie, mais le couple Balkany a fait appel et en garde donc la jouissance pour le moment.

Patrick Balkany attend effectivement deux jugements en appel qui tomberont les 4 mars et 22 avril. En première instance il avait été condamné à 4 et 5 ans de prison ferme. L’accusation a requis les mêmes peines en appel. Dans un cas sans arrestation immédiate dans l’autre avec arrestation. Mais il est très peu probable que la cour d’appel qui l’a libéré mercredi, ordonne sa réincarcération dans un mois et demi.

Même lourdement condamné, il pourra se pourvoir en cassation et gagner du temps. Rien n’est écrit d’avance, mais il peut espérer en avoir terminé avec la case prison.

Isabelle Balkany va présider ce jeudi son dernier conseil municipal avant les élections

Il ne repassera pas non plus par la case “Mairie”. Sa carrière politique est terminée. Il a finalement renoncé à se représenter à la mairie de Levallois, le 15 mars. D’ici là, le 4 mars il pourrait être condamné à dix ans d'inéligibilité avec effet immédiat. Le 22 avril il risque encore la même peine.

On dit qu’en politique on n’est jamais fini, mais, là c’est difficile d’imaginer un scénario de retour. Isabelle Balkany va présider ce jeudi son dernier conseil municipal avant les élections. C’est la fin d’une histoire qui aura duré presque 40 ans.

Et c’est finalement pour fraude fiscale que Patrick Balkany est tombé. Pas pour corruption. Et ce n’est pas faute d’avoir été soupçonné et accusé de corruption.

Accusé par ses opposants à Levallois d’avoir touché pendant des années les enveloppes des promoteurs. Accusé d’avoir sous payé un sublime appartement de 500 mètres carrés dans un immeuble neuf face à la Seine. Accusé par Didier Schuller son meilleur ami devenu son pire ennemi d’avoir détourné beaucoup d’argent lorsqu’il présidait les HLM des Hauts-de-Seine.

Accusé en 2015, mis en examen pour corruption dans des histoires africaines. Lorsqu’il circulait avec un passeport diplomatique et négociait un arrangement entre Areva et le président centrafricain.

Accusé encore et même jugé pour corruption dans l’affaire de son Ryad à Marrakech qui aurait été payé par un promoteur saoudien qui avait un projet immobilier à Levallois.

Mais aucune de ces affaires n’a abouti à une condamnation. Il a été définitivement relaxé pour le Ryad marocain. Et il a bénéficié de non-lieu dans les autres dossiers.

Il s’en est donc toujours sorti. Sauf dans deux affaires

Il s’en est donc toujours sorti. Sauf dans deux affaires. L’affaire de fraude fiscale pour laquelle il vient d'être condamné. Il a caché au fisc environ 13 millions d’euros, principalement les villas de Marrakech et de Saint-Martin. Ce qui veut dire qu’il a volé au trésor public 4 millions d’euros qu’il aurait dû payer entre 2007 et 2014.

Et puis il a aussi été condamné en 1996, a de la prison avec sursis et à deux ans d'inéligibilité pour avoir fait travailler 3 employés municipaux pour faire le ménage chez lui.

Accusé d'harcèlement sexuel

Sinon il s’en est toujours sorti. Y compris lorsque une de ses maîtresses, conseillère municipale à Boulogne-Billancourt, a porté plainte pour viol et menace avec arme.

Elle l’accusait de l’avoir menacée avec un pistolet 357 Magnum. Elle a finalement retiré sa plainte. Isabelle Balkany avait commenté l’affaire en disant : “Mon mari n’a jamais eu besoin d’un pistolet pour obtenir une faveur sexuelle”.

Il s’en est sorti également lorsque la championne de judo Marie-Claire Restoux, qui était sur sa liste à Levallois, l’a accusé de harcèlement sexuel. Tout cela c’était avant #MeToo.

Tout cela c’était à l’époque du couple flamboyant et grande gueule. Lorsque Levallois c’était un peu Dallas et les Balkany, JR et Sue Ellen. Aujourd’hui le feuilleton tire à sa fin.

Nicolas Poincaré (avec J.A.)