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Pillage de l'Arc de Triomphe: des peines symboliques mais un procès "nécessaire et pédagogique"

Des peines symboliques ont été prononcées jeudi lors du procès de plusieurs "gilets jaunes", accusés d'avoir participé au saccage de l'Arc de Triomphe lors de l'acte 3 le 1er décembre 2018.

Huit personnes ont été condamnées jeudi à de la prison avec sursis ou du travail d'intérêt général pour leur rôle dans le saccage très médiatisé de l'Arc de Triomphe pendant une manifestation de "gilets jaunes" le 1er décembre 2018. Tous ont été reconnus coupables d'être entrés par effraction dans le monument, alors pris d'assaut par des protestataires pendant l'acte 3 du mouvement. Les principaux responsables des "scènes apocalyptiques" décrites par le tribunal pendant l'audience n'ont jamais été identifiés.

Plutôt qu'une amende, "symboliquement" et "par rapport à ce qu'il s'est passé", "le travail d'intérêt général nous paraissait bien", a dit la présidente Sonia Lumbroso aux prévenus alignés debout face à elle.

Malgré 400 interpellations ce 1er décembre 2018, seules 10 personnes étaient jugées pour leur participation au saccage de l'Arc de Triomphe et huit d’entre elles ont donc été condamnées. "Le processus judiciaire nécessite que vous ayez des preuves. La question de la preuve est complexe quand vous avez affaire à une foule et que dans cette foule il y a des éléments plus déterminés que d’autre et qu’il n’y a pas de préméditation", a tenu à rappeler ce vendredi sur RMC le criminologue Alain Bauer.

"C’est un problème très compliqué de gérer la responsabilité publique d’une foule car chacun assure avoir été entraîné. Fort heureusement on est passé du tir à vue à autre chose. Il n’y a eu que de la casse de bien matériel, il faut relativiser les choses", a-t-il ajouté.

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1,2 million d'euros de dégâts

Mais ces dégâts matériels ont tout de même été estimés à 1,2 million d'euros et les amendes prononcées pour 5 des prévenus vont de 100 à 500 euros: "C’est l’Etat et les assureurs qui vont bien sur assumer les conséquences de ce saccage", assure Jean-Philippe Morel, l’avocat de l’association "Halte au pillage du patrimoine archéologique et historique (Happah)", partie civile à l'occasion du procès.

"Néanmoins ce procès était nécessaire. Il est difficile dans une foule hystérique de démêler les responsabilités. Nous savions que les principaux responsables n’étaient pas là mais ce procès était symbolique et pédagogique. J’ai le sentiment que les prévenus ont beaucoup appris sur la place de l’Arc de triomphe dans la nation et c’était nécessaire", ajoute l’avocat.

A l'audience, plusieurs prévenus avaient assuré ne pas avoir eu d'autres choix que de se "réfugier" dans l'Arc de Triomphe par "panique" ou "instinct de survie", alors que c'était "l'hystérie", "l'anarchie totale" dehors. Des explications qui n’ont pas convaincu le tribunal : "Il y avait d'autres moyens d'échapper au gaz lacrymogène", leur a répondu la présidente Lumbroso. Certains ont reconnu être entrés et montés en haut du monument "par curiosité", pour "visiter". Ce n’était peut-être pas le bon moment", avait concédé Tony E., 19 ans à l'époque et originaire d'Orléans.

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Guillaume Dussourt avec AFP