Poitiers: les policiers municipaux menacent de faire grève s'ils ne sont pas plus lourdement armés

Les policiers municipaux de Poitiers menacent de se mettre en grève au mois de décembre. Ils ont déposé un préavis de grève d'un mois et demandent d’être plus lourdement armés. Ils estiment que leur équipement, matraque télescopique et gaz lacrymogène, n’est pas suffisant pour intervenir sur des cas graves comme la fusillade qui a eu lieu le 31 octobre dernier dans le quartier des Couronneries et qui a fait un mort et quatre blessés.
La municipalité écologiste refuse pour le moment de répondre favorablement à leur demande. Pourtant, armer les policiers municipaux est une compétence qui dépend de la volonté du maire. Et le gouvernement compte bien les y inciter. Le ministre de l'Intérieur y est par exemple favorable.
Dans son discours, Bruno Retailleau plaide pour des policiers municipaux armés. "C'est plus efficace" pour lutter contre la criminalité locale, explique un proche du ministre de l'Intérieur. Sauf que l'Etat ne peut pas les y obliger puisque ce sont les maires qui décident. Déjà d’avoir une police municipale et ensuite de lui donner des armes.
Plus de compétences pour les policiers municipaux?
Le gouvernement réfléchit donc à faire une nouvelle loi pour augmenter les compétences des policiers municipaux. Par exemple, permettre aux agents de mettre des amendes, leur donner le droit de fouiller le coffre d'une voiture ou encore de faire des contrôles d'identité... Des demandes formulées par certains élus comme Christian Estrosi, le maire de Nice. Et pour être sûr de bien prendre en compte les demandes des élus sur les polices municipales, le gouvernement les consulte jusqu'à la fin du mois de mars.
À Poitiers, la population, elle, semble divisée. Dans les rues calmes du centre-ville, certains habitants souhaitent des policiers armés. “De nos jours, avec tout ce qui peut arriver, les vols, la drogue, ça peut vraiment aider”, estime une habitante. “Quand ils interviennent dans certaines circonstances, ça peut même leur sauver la vie ou sauver la vie d’autres personnes”, ajoute un second.
La fusillade meurtrière du mois dernier justifie cette demande, appuie Manuel Herrero, secrétaire général du syndicat UNSA police municipale.
“On a des missions de plus en plus dangereuses. Il y a des armes de poing qui se vendent sous le manteau. Il est normal que les policiers municipaux demandent à être équipés”, assure-t-il.
"Il ne faut pas dramatiser"
D’autres, à Poitiers, sont plus réticents. “Le problème, c’est qu’on va armer encore plus les policiers, mais en face? Ça va être un western si tout le monde est armé comme ça”, dénonce un Poitevin.
Président de l’association des commerçants de Poitiers, Jean-Baptiste Dubreuil plaide lui pour des recrutements.
“Dans une ville de 90.000 habitants, ça ne serait pas de refus qu’on ait plus de policiers municipaux. Cependant, il ne faut pas dramatiser la situation, on ne vit pas dans une ville insécuritaire”, assure-t-il.
Malgré la menace de grève, la municipalité maintient, pour le moment, son opposition à l’armement de ses 24 agents municipaux.