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Fusillade à Poitiers: nombre de personnes impliquées, victimes, enquête... Ce que l'on sait

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Cinq personnes ont été blessées par balle, dont une grièvement à la tête, ce jeudi soir à Poitiers. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a mentionné ce vendredi sur BFMTV-RMC un "lien" entre cette fusillade et le trafic de drogue. Nombre de personnes impliquées, état de santé et âge des victimes, enquête... Voici ce que l'on sait.

Cinq personnes ont été blessées dont une grièvement jeudi soir à Poitiers (Vienne), dans une fusillade potentiellement liée au trafic de drogue. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a évoqué ce vendredi sur BFMTV-RMC l'implication de "400 à 600 personnes" dans une rixe survenue après les faits.

Lors d'une conférence de presse réalisée à 17h, le procureur de la République Cyril Lacombe a toutefois mentionné "une soixantaine de personnes" au contact des forces de police. Le tireur présumé est "activement recherché".

Une affaire sur fond de trafic de stupéfiants?

Une fusillade a éclaté dans le quartier des Couronneries. "Onz" douilles de calibre 22 ont été retrouvées à terre par les enquêteurs, a indiqué le parquet à 17h. Les faits se sont déroulés précisément sur la place Coimbra, près d'un restaurant kebab, un secteur "connu pour trafic de stupéfiants" selon des sources policières citées par BFMTV et Le Parisien. Le préfet de la Vienne, Jean-Marie Girier, interrogé sur BFMTV ce vendredi, a mentionné l'endroit comme là où "les jeunes du quartier ont l'habitude de se retrouver".

Bruno Retailleau a immédiatement rapproché la fusillade au trafic de stupéfiants: "C'est lié, je vous le confirme", a-t-il assuré, tandis qu'une source policière citée par BFMTV mentionne un "règlement de comptes sur fond de trafic de stupéfiants".

Il y aurait même déjà eu des incidents dans le quartier la veille. "Un homme était venu vendre de la drogue à cet endroit alors qu'il n'y était pas autorisé, ça avait provoqué des violences et des tirs de mortiers d'artifice", a rapporté une source proche de l'affaire auprès d'Actu 17.

"Les premiers éléments de l'enquête laissent suggérer que le tireur se serait livré à la vente de produits stupéfiants sur les secteurs des Couronneries les jours précédents", a ultérieurement déclaré le procureur Cyril Lacombe.

Le tireur présumé "activement recherche"

Dans sa conférence de presse, le procureur de la République de Poitiers Cyril Lacombe a indiqué qu'une perquisition a été réalisée ce vendredi matin à 6h, où a été retrouvé "7 munitions de calibre 22 long rifle ainsi que des éléments partiels d'une arme démontée, dont la crosse et le mécanisme".

Le logement "aurait été occupé par un homme dont l'identité est en cours de vérification et présent sur Poitiers depuis quelques seamines. Il fait l'objet de recherches actives." Des prélèvements ADN sont réalisés en urgence tandis que des images de vidéosurveillances sont en cours d'exploitation, a-t-il également précisé.

"Le quartier n'est pas tenu par les dealers"

Si le préfet fait état d'un "quartier relativement calme au quotidien", il a reconnu, toujours au micro de BFMTV, "deux ou trois points de deal importants qui mobilisent beaucoup la police nationale". Cependant, "le quartier n'est pas tenu par les dealers même s'il peut y avoir des tensions", a-t-il ajouté, précisant qu'il était "rare d'avoir des coups de feu".

La maire écologiste de Poitiers, Léonore Moncond'huy, a de son côté déploré la "probable" implication de mineurs dans le trafic de drogue.

Un mineur de 15 ans grièvement blessé à la tête

Justement, un mineur de 15 ans fait partie des cinq personnes qui ont été blessées par balle. Touché à la tête, il a été transporté en état d'urgence absolue au CHU de Poitiers et son pronostic vital est engagé. Selon les informations du Parisien et de France Bleu, le jeune homme serait en état de "mort cérébrale".

Quatre autres blessés, nés en 2008 et 2009, ont été blessés pour les deux premiers "à la cheville gauche", "au bras droit pour le troisième" et au pied et à l'oreille pour le cinquième", a détaillé le procureur de la République à 17h ce vendredi. "Leurs jours ne sont pas en danger", a-t-il aussi souligné.

Combien de personnes sont-elles impliquées?

Qu'en est-il réellement du nombre de personnes impliquées? Sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur a mentionné des chiffres qui selon lui émanent de la préfecture. "Ça a commencé par une fusillade sur un restaurant et ça s'est achevé par une rixe entre bandes rivales qui a engagé plusieurs centaines de personnes. On me parle de 400 à 600 personnes", a-t-il déclaré.

Le ministère de l'Intérieur est ensuite revenu sur ces chiffres. Contacté par Franceinfo, la place Beauvau mentionne désormais l'implication de "plusieurs centaines au début, puis quand le préfet est arrivé, il en restait 80 à 100". Enfin "une expédition punitive" a mobilisé "50 ou 60 personnes".

"Tous n'ont pas participé à la rixe"

Le préfet Jean-Marie Girier a détaillé le déroulé précis des faits, à savoir que lors de "l'intervention des pompiers, de très nombreuses personnes sont descendues, plusieurs centaines". "Une rixe a débuté et certains jeunes ont désigné d'autres comme étant potentiellement proches de l'auteur présumé" de la fusillade.

Le fonctionnaire, qui s'est rendu sur place cette nuit, a ensuite de nouveau temporisé, expliquant que si "des centaines de personnes étaient aux abords, tous n'ont pas participé à la rixe". "Les personnes descendent des barres et se retrouvent sur cette place centrale", a-t-il poursuivi.

Une précision partagée par la maire écologiste de Poitiers, Léonore Moncond'huy, qui a évoqué antérieurement auprès de France Bleu des "personnes qui ont assisté pour certaines sans participer, voire ont eu une attitude constructive".

Dans la nuit, la police est également intervenue dans un lieu proche des premiers faits, où un individu semblait retenu par une dizaine d'autres. Extrait de l'attroupement, ce dernier a été entendu par les enquêteurs.

De "400 à 600 personnes" à une "soixantaine"

Des chiffres loin de correspondre à ceux énoncés par le procureur Cyril Lacombe dans sa conférence de presse ce vendredi à 17h, qui évoque que les "forces de police présentes sur la scène des coups de feu étaient au contact d'une soixantaine de personnes qui souhaitaient être informées des évènements et approcher de la scène de crime", a-t-il dit.

La foule aurait montré une "certaine véhémence dans ses revendications" et "deux témoins présents auraient été pris à partie comme étant suspectibles de connaître l'identité du tireur", toujours selon le représentant du ministère public. Dans ce contexte, les forces de police ont été "contraintes d'utiliser trois grenades lacrymogènes" pour "repousser l'ardeur de ces habitants". Le procureur a confirmé un retour à l'ordre aux alentours de 23h30.

Un enfant touché par des tirs près de Rennes
Un enfant touché par des tirs près de Rennes
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Appel au calme et renforts de police

Une enquête est en cours et le procureur de la République communiquera ce vendredi à 17h, a fait savoir le préfet Jean-Marie Girier. Ce dernier a appelé au calme et a demandé aux familles "à ne pas laisser des mineurs dans les rues". Des renforts de police vont être déployés sur place rapidement, afin d'éviter "tout trouble à l'ordre public". "Notre inquiétude serait que certains se fassent justice soi-même".

Les fusillades sur fond de trafic de stupéfiants continuent de s'étendre un peu partout en France, à l'instar de celle dans le quartier Maurepas, à Rennes, la semaine dernière. Ce qui a conduit à la blessure par balle à la tête d'un enfant de 5 ans lors d'une course-poursuite à Pacé, quelques heures après. Le petit garçon est toujours actuellement entre la vie et la mort. Cette nuit, trois personnes ont été blessées dont une grièvement devant une boîte de nuit près de Valence.

Bruno Retailleau, attendu justement sur place à Rennes ce vendredi, a estimé qu'on était "à un point de bascule" en matière de narcotrafic. "Le choix que nous avons aujourd'hui est un choix entre une mobilisation générale ou la mexicanisation du pays", a-t-il également déclaré.

Léo Manson