Policière noyée dans la Seine: 2 policiers condamnés à de la prison avec sursis pour homicide involontaire

Poursuivis pour homicide involontaire après la noyade d'une jeune policière de la brigade fluviale, deux policiers ont été condamnés ce vendredi 20 septembre à 12 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris. La famille de la victime, par le biais de son avocat Me Antoine Vey qui s'est exprimé auprès de RMC, a fait part de sa "satisfaction de savoir que [leur] voix a été entendue".
Julien R., pilote du bateau et moniteur de plongée et Vincent E., chef de bord, ont été reconnus coupables des faits qui leur étaient reprochés mais leur condamnation ne sera pas portée sur leur casier judiciaire, a précisé le président de la 10e chambre.
La Seine en vigilance jaune lors de l'exercice
Lors du procès, en juin, le parquet avait requis 18 mois de prison avec sursis à l'encontre de Vincent E. et 2 ans de prison avec sursis contre Julien R., plongeur le plus capé sur le Zodiac au moment de l'accident.
Le 5 janvier 2018, une plongeuse de la police avait disparu dans la Seine en crue lors d'un exercice. Âgée de 27 ans, Amandine Giraud avait été emportée au cours d'un entrainement dans un bras étroit à hauteur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, au coeur de la capitale, alors que le fleuve était en vigilance jaune.
Le corps de la victime retrouvé 4 mois plus tard
Elle était une "jeune femme solaire" qui "aimait l'eau, c'était son milieu naturel", a décrit sa mère lors du procès. Pendant des mois, "on n'a pas recherché ma fille", avait-elle déploré, disant avoir été "malmenée" par l'institution policière. "J'ai beaucoup de colère".
Le corps de la jeune femme avait été retrouvé près de quatre mois plus tard, fin avril 2018, à une centaine de mètres du lieu de l'exercice. Le jour de l'exercice, Amandine Giraud avait plongé la première. Après une immersion d'une dizaine de secondes, elle avait replongé et reparu très vite, faisant un geste de la main.
Sentant un problème, les policiers sur le Zodiac avaient alors tiré sur la ligne de vie mais échoué face au courant. Un autre plongeur avait essayé de la rejoindre, en vain. Ils avaient ensuite décroché la corde et la jeune femme avait disparu au fond de l'eau.
"Je n'avais pas le niveau d'information et de compétence", avait avoué l'un des prévenus
"Ce jour-là, j'ai agi selon l'enseignement que j'ai reçu, conformément aux instructions hiérarchiques, aux règlements et aux textes en vigueur", avait affirmé Julien R. lors de son audition par le tribunal.
Il a dit avoir voulu éviter un "suraccident" en détachant la ligne de vie, persuadé qu'elle flottait grâce à son gilet. En réalité, un robinet permettant de le remplir était anormalement fermé.
"Je n'avais pas de solution, je n'avais pas le niveau d'information et de compétence suffisant pour intervenir", avait affirmé de son côté Vincent E., estimant "qu'avec la lecture d'aujourd'hui, l'exercice n'aurait pas dû se faire".
"Un signal pour opérer les changements nécessaires", espère l'avocat de la famille de la victime
"Après plusieurs années de procédure, c’est une satisfaction de savoir que notre voix a été entendue, que la gravité des fautes a été reconnue par le tribunal et que la mort d’Amandine n’avait rien d’accidentelle", déclare Me Antoine Vey. "Nous espérons que cette décision sera un signal pour opérer les changements nécessaires à voir de pareils drames se reproduire."